Après les efforts d’Eric Valette, la puissante trilogie de Fred Cavaye (Pour Elle A bout portant, A bout de rage et Mea culpa) ou l’effrayante Nuit blanche, le cinéma français a laissé les amateurs d’action à la dérive, obligeant certaines de ses stars à se reconvertir dans la comédie pour tourner.

C’est un plaisir absolu de trouver un film comme celui-ci, bien ficelé et techniquement pointu. Ce que l’on remarque dans Balle Perdue dès la première vision, le film laisse libre cours à son énergie, c’est la sensualité.

Le film n’est pas conçu pour rivaliser avec les plus grands noms du cinéma américain (ne vous attendez pas à voir les tournoiements chorégraphiés que l’on retrouve dans John Wick), le film se concentre sur une vision de l’action qui est petite et organique, et dont l’impact peut être dévastateur.

Au lieu d’orchestrer des fusillades massives ou des poursuites qui font renaître le parc automobile français, Guillaume Pierret prend soin de concevoir des séquences basées sur quelques éléments essentiels (un décor ou un accessoire et un principe, ainsi qu’une action) qu’il utilise selon une dynamique follement amusante.

Que ses personnages se livrent à une bataille épique dans un commissariat ou qu’ils démolissent littéralement des voitures à grande vitesse, la précision de ces séquences, la dédicace de la caméra au cœur de l’action et la vigueur du montage garantissent un résultat époustouflant.

Toujours consciente de l’impact, la caméra ne se dérobe jamais, offrant constamment la meilleure perspective, transformant chaque frisson en un buffet de Bourrinerie. Si Lost Bullet s’avère charmant, c’est grâce à son casting.

Alban Lenoir dans le rôle principal est clairement à l’aise dans le monde de la comédie, et dont la performance physique est impressionnante. Comme si son jeu grossissait en même temps que ses deltoïdes se renforçaient, il découvre dans ce film la même rage froide qui était la sienne dans Antigang et s’impose une fois de plus comme l’un des meilleurs acteurs du cinéma français.

La surface de transfert donne immédiatement au spectateur une énergie joyeuse que l’on croyait disparue de nos écrans. Mais il n’est pas seul et il a une amie à ses côtés Stefi Celma fait des étincelles qui s’enflamment dans une forêt de séquoias.

Des personnages avec de fortes personnalités

Toujours charismatique, elle suscite une incroyable nervosité qui est un parfait contrepoint à la dynamique plus tendue de Duvauchelle. Entre une impression confuse et une prédation audacieuse, Duvauchelle offre à ses scènes de combat de délicieux tacts.

Si bien qu’au moment où le film s’achève, on a déjà envie de voir ces acteurs dans des productions exigeantes et intenses, capables de délivrer une partition incroyablement populaire et jouissive. Mais il est regrettable que, malgré son rythme soutenu et sa courte durée (une heure et demie), Balle Perdue ait quelques difficultés à démarrer.

C’est dans son premier tiers, qui est le plus effronté et mécanique, que le film présente quelques défauts, malheureusement centrés autour du rôle de Ramzy Bedia.

Son rôle de policier entre sarcasme, bravade et sarca menaçant était une idée brillante mais le personnage de Ramzy Bedia ainsi que la scène d’ouverture souffrent de rouages trop gros pour convaincre.

On espère que Guillaume Pierret bénéficiera d’un scénario amélioré pour le deuxième film qu’il réalise et qui lui permet de nous fracasser la rétine.

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