Le film Paradise Highway avec Juliette Binoche est plus qu’un simple thriller car il est le résultat d’une expérience souvent impressionnante par ses tonalités addictives du meilleur cinéma indépendant américain.

Et simultanément, il aborde deux sujets importants que sont les réseaux de prostitution des adolescents américains WASP, résultat des classes sociales défavorisées, et le journal que lisent quotidiennement les femmes qui conduisent des camions à travers les États-Unis.

Au milieu du film, au milieu de Paradise Highway, on assiste à une immersion totale dans l’immense aire de repos des camions (le fameux truck stop américain) avec sa station-service et son supermarché, ainsi que son bar qui déverse des litres d’alcool autour d’une piste de danse et de tables de billard.

On y trouve également des prostituées en mini-jupes qui déambulent sur l’immense parking et proposent des balades à l’intérieur des cabines des camions !

Une expérience sociale avant tout

L’espace interlope est une véritable expérience sociale et visuelle, dont la plus notable est celle des campeurs sans destination qui se greffent sur ses points de rassemblement pour les camions, car les familles qui se trouvent à l’intérieur ne prennent pas de dispositions pour le camping, le camping-car étant leur unique maison !

Cette mère de famille qui n’a rien d’autre que son camping-car, fait preuve d’une gentillesse et d’une générosité inouïes dont je ne serais probablement pas capable ! C’est un moment étonnant dans le film !

Le film Paradise Highway est également bluffant pour le rôle de Juliette Binoche qui incarne Sally la camionneuse puisque Juliette Binoche joue l’un d’entre eux avec son personnage qui est souvent (souvent) difficile à identifier non seulement par son apparence mais aussi par ses expressions. Performance artistique époustouflante !

Juliette Binoche a su créer le personnage unique d’un camionneur comme Sally ; vous pouvez donc apprécier dans Paradise Highway une Juliette Binoche complètement différente de celle que vous avez vue dans Ouistreham mais tout aussi impressionnante et captivante : une actrice exceptionnelle !

Morgan Freeman est également étonnant dans Paradise Highway qui est certainement l’un de ses films les plus mémorables car son jeu fluide fait disparaître Morgan Freeman derrière son personnage de policier à la retraite mais avec une perception unique des relations humaines qu’il transmet avec gentillesse à son nouveau collègue policier, lui aussi superbement interprété par Cameron Monaghan !

On apprécie Paradise Highway pour son scénario bien construit et non prédictif qui laisse peu de place à l’action et construit plutôt sa propre structure cinématographique avec des personnages ambivalents comme le frère emprisonné (Frank Grillo, qui était déjà une star dans le superbe Shattered) du camionneur, ce qui fait du film une expérience palpitante et on ne s’ennuie pas une seconde !

De nombreuses fulgurances scénaristiques

Il y a de très bons moments passés inaperçus comme étonnants dans Paradise Highway ; ainsi, nous partageons presque la cabine du camion avec Sally la camionneuse et Leila l’adolescente (Hala Finley) lorsqu’elles chantent en chœur (et avec le cœur) d’une manière ou d’une autre du Blondie !

Si vous aussi vous aimez la musique de Blondie de quelque manière que ce soit, vous pouvez la voir prendre vie d’une manière tout aussi puissante dans le fantastique film Memory Box et je recommande vivement le livre écrit par Debbie Harry, la chanteuse de Blondie Find it pour apprendre les origines de cette chanson et de Blondie.

Soyons honnêtes, le film Paradise Highway peut parfois être extrêmement révélateur lorsqu’on découvre comment on apprend aux prostituées adolescentes à être dociles en les confinant dans la cage d’un chien dans une cave souterraine ! La scène dans laquelle la prostituée est bâillonnée et attachée est extrêmement brutale, mais elle est cruciale pour l’histoire.

La réalisatrice parvient à transmettre ces événements avec une approche calme, presque journalistique, pour mettre fin au voyeurisme et, au contraire, c’est une façon de mettre en lumière l’acte horrible qu’est là traite des êtres humains.

Une réalisatrice pleine de talent

La réalisatrice Anna Gutto a également un sens aigu de l’éclairage et de la lumière qui donne une belle beauté à ses scènes. Cependant, le montage peut malheureusement être trop rapide et rend certaines images étonnantes, trop courtes pour être appréciables !

C’est sur ce point qu’il faut noter que Paradise Highway n’est pas le chef-d’œuvre qu’il aurait pu être, car le cinéma hollywoodien est pris en otage par un rythme effréné et coupé qui ne laisse aucun moment de repos aux spectateurs.

Il est donc vrai que certaines images fantastiques sont amputées de leur durée nécessaire afin de laisser la place à d’autres images stupéfiantes qui sont également amputées par les images stupéfiantes qui suivent. À la seule exception des scènes se déroulant sur l’immense aire de repos des routiers Le montage du film est trop rapide, et cela gâche le plaisir !

Juliette Binoche, qui est impeccable, ne peut utiliser ses talents d’actrice dans des scènes trop courtes. On enrage ! C’est comme si vous alliez déguster de délicieux plats dans un restaurant 5 étoiles et qu’on vous demandait de tout manger en 5 minutes, comme dans un fast-food !

Et, en sautillant, on regarde les meilleurs moments du cinéma qui passent à la trappe, comme la scène avec laquelle l’on voit une jeune prostituée dans les vêtements d’un adolescent, le camionneur le camionneur. Il fallait absolument filmer cette scène, mais le timing n’a pas été respecté !

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