Anna Kendrick et Blake Lively se déchaînent. Dans la comédie noire L’ombre d’Emily, les deux actrices du light entertainment ont tenté de changer leur image d’adolescentes dans une Amérique bien rangée.

La première a tenté de briser le moule de la trilogie Pitch Perfect ; la seconde, avec sa sœur musicale, Taylor Swift, a rompu avec la morale d’une Amérique traditionnelle et conservatrice qui a voulu la placer au sommet alors que la France, elle, n’a cessé de l’abuser.

Produit par Paul Feig, auteur de comédies féminines (Mes meilleures ennemies espionnes, Ghostbusters) et à l’aise avec les dialogues racoleurs et les scénarios destinés à remettre en cause l’humour gentillet de Desperate Housewives, ce thriller hitckockien est une véritable explosion, car il associe des femmes de sexes opposés pour former un lien improbable.

Un magnifique jeu de rôle féminin

Une superbe fashionista joue avec sa confiance en elle pour conquérir une mère célibataire qui mène une vie de cours de cuisine bon marché en ligne, ainsi qu’avec sa gentillesse chrétienne et son incapacité à reconnaître l’ombre d’une autre, même si elle a un secret à cacher. Mais au cours du film, le personnage d’Emily disparaît, et l’intrigue est bouleversée.

Bien sûr, le jeu de la provocation d’un enfant fonctionne grâce au talent sournois de Lively surtout lorsque Kendrick glousse comme elle l’a toujours fait. Paul Feig, doué pour obtenir le plus grinçant de ses deux actrices, n’est pas forcément le meilleur réalisateur pour captiver les esprits par la clarté de sa caméra.

Si le scénario inquisiteur et sinistre a tendance à dérouter le spectateur qui s’égare facilement, le cinéaste n’arrive pas à maîtriser ce film léché, pourtant il met les pieds dans le plat lors des séquences finales, qui à force de rebondissements font tourner le creepy.

Il fallait la subtilité d’un Fincher comme d’un Gone Girl pour vraiment casser les clichés du genre du thriller domestique pour Américaines génétiquement frustrées. Pour finir, le divertissement fait l’affaire et le plaisir augmente, mais la tristesse de passer à côté d’un projet exceptionnel demeure. L’accident pourrait être fatal.

Malgré un voyage des acteurs en France pour promouvoir le film, L’ombre d’Emily n’a pas bien marché. Le film a fait 103 377 entrées la première semaine, malgré 289 écrans, en baisse de 50 % au cours de la semaine suivante, et 17 000 entrées la semaine suivante…

Les exploitants ont littéralement retiré le thriller de leurs salles à la fin de la quatrième semaine, car Emily la sulfureuse avait perdu 125 écrans, et n’a été diffusé que sur 31 écrans. A 3 005 fans, Emily n’était plus là… Il ne restera que six semaines en salles, pour un total déprimant de seulement 179 492 spectateurs.

Aux USA, les résultats sont plus concluants, avec 53 000 000 $ malgré un démarrage lent. C’est encore bien en dessous de la majorité des réalisations de Blake Lively. Cependant, l’actrice prendra véritablement conscience de son premier flop en 2020 lorsqu’elle sortira The Rhythm Section, un autre thriller qui pourra récolter 5 500 000 dollars localement, puis devenir un DTV dans le petit monde…

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