Le premier long métrage d’Alice Troughton est un bijou, une pièce de chambre délicieusement réalisée avec Richard E. Grant dans le rôle de JM Sinclair, un romancier acclamé en route vers le bas, Julie Delpy dans le rôle d’Helene, sa femme conservatrice d’art, et Daryl McCormack dans le rôle de Liam, un soi-disant- être un romancier qui idolâtre Sinclair. Avec un scénario intelligent qui nous tient au dépourvu, le décor d’une gracieuse propriété de campagne dont les visuels somptueux masquent un fond sombre et une partition qui nous entraîne dans un monde de plus en plus troublant, La leçon est un petit délice.

La scène d’ouverture donne l’impression de voir toute la trajectoire du film. Liam est interviewé à propos de son premier roman, dont l’intrigue sur un grand écrivain patriarcal est évidemment basée sur Sinclair. Le récit revient ensuite au début de l’histoire, lorsque Liam est embauché pour encadrer le fils des Sinclair, Bertie (Stephen McMillan), pour ses examens d’entrée à l’Université d’Oxford. Le scénario d’Alex MacKeith est plein de rebondissements, cependant, et nous voyons bientôt que les trois personnages principaux sont complètement manipulateurs.

La leçon

L’essentiel

Délicieuse trahison.

Lieu: Festival de Tribeca (récit sous les projecteurs)
Jeter: Richard E. Grant, Julie Delpy, Daryl McCormack, Stephen McMillan, Crispin Letts
Directeur: Alice Troughton
Écrivain: Alex MacKeith

Classé R, 1 heure 43 minutes

Liam écrit une thèse sur Sinclair, dont Sinclair ne sait rien. Hélène le sait mais l’a quand même engagé. Que ce soit à cause ou malgré son programme secret, c’est quelque chose qu’elle garde pour elle pendant une grande partie du film. Sinclair lui-même est un ego rugissant d’un homme, donné à des déclarations pompeuses dans des interviews, telles que « Les bons écrivains empruntent, les grands écrivains volent », une variation sur une ligne le plus souvent attribuée à Picasso, parfois à TS Eliot ou à d’autres. Voleur qu’il est, Sinclair ne prend jamais la peine de suggérer qu’il a volé la ligne. Le vol littéraire n’est que l’élément le plus évident du mystère qui entre lentement en jeu.

Lorsque Liam arrive chez les Sinclair, nous nous installons dans un monde de confort et de luxe, une grande maison lumineuse avec des pelouses vallonnées et un majordome fidèle (Crispin Letts) – une Downton Abbey sans les aristocrates ni les problèmes d’argent. C’est l’image idéalisée d’une maison de campagne anglaise modernisée ; vous ne devineriez pas que l’emplacement réel était à Hambourg. Il y a même un lac sur le terrain, mais c’est là que le fils aîné des Sinclair s’est noyé, le premier indice du ressac tragique de l’histoire.

La conception de la production de Seth Turner remplit la maison d’art contemporain, reflétant la carrière d’Helene. La cinématographie d’Anna Patarakina crée une lueur chaleureuse et invitante, une surface ensoleillée qui rend le monde irrésistible alors même que nous réalisons à quel point cette apparence peut être trompeuse. Et la partition d’Isobel Waller-Bridge s’inscrit magnifiquement dans l’idée d’une surface qui embellit la vérité. Ses mélodies valsantes et lyriques suggèrent d’abord la formalité et la sécurité, mais finalement elles changent juste assez pour sembler inquiétantes.

Il ne faut pas longtemps pour que les conflits s’installent, bien qu’en véritable mode bien élevée, ils soient masqués par des sourires énigmatiques. Les acteurs sont aussi rusés que le scénario, nous laissant peu à peu voir la vraie nature de leurs personnages. Une grande partie du film se concentre sur Liam. McCormack, qui a déjà fait forte impression en Bonne chance à vous, Leo Grande et Mauvaises Sœurs, crée ici une autre figure charismatique. Liam est sympathique à certains égards, vêtu d’un tee-shirt alors qu’il aurait pu mieux se connaître dans cette maison, luttant pour rattraper les références de musique classique que la famille lance si naturellement au dîner. Mais il est aussi un voyeur et prépare certainement quelque chose alors qu’il tourne autour de son héros littéraire. On ne sait même pas s’il sait écrire. Il travaille sur un roman qu’il veut que Sinclair lise, à la main dans un cahier relié du début à la fin, apparemment sans aucune révision. Qui écrit comme ça ?

Sinclair travaille sur un ordinateur, avec une imprimante et une sauvegarde qui ne fonctionnent pas aussi bien qu’ils le devraient, ce qui l’a amené à faire appel à l’aide technique de Liam. Sinclair est si égocentrique, si dur avec son fils et si dédaigneux envers sa femme, que nous soupçonnons qu’il a son propre agenda secret, surtout quand il demande à Liam de jeter un œil à son dernier travail et accepte de lire celui de Liam dans échange.

Grant peut cependant rendre les personnes les plus visqueuses sympathiques. Et dans la dernière partie du film, il profite de ses grandes scènes explosives. Bien sûr, Sinclair ne veut pas d’une critique honnête de son travail de la part de l’écrivain non publié. Sa réaction cruelle est révélatrice, effrayante et déclenche les événements qui dévoilent ce qui aurait pu se passer depuis le début. Grant nous permet de voir à la fois l’ampleur de l’ego de Sinclair et la profondeur de son chagrin.

Tout au long, Delpy fait d’Hélène une présence sereine, attristée par le chagrin de son fils aîné, inquiète pour Bertie, mais aussi un aimant sexuel pour son mari et le tuteur. Elle se promène dans le domaine avec un sourire béatifique, une autre touche illusoire.

Troughton, qui a réalisé pour la télévision britannique, apporte un ton d’assurance suprême au film, guidant habilement ses rebondissements et ses virages assombris. Et elle ajoute quelques touches pleines d’esprit, dont une scène dans laquelle le film noir de 1956 Cédez à la nuit joue en arrière-plan d’une conversation et la caméra se rapproche d’une femme avec une arme à feu. Indice ou faux-fuyant ou ni l’un ni l’autre ?

Sous sa surface élégante, La leçon aborde de lourds problèmes d’art, d’inspiration, de classisme, de sexisme, de trahison et de vengeance dans un beau et impressionnant petit paquet.

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