« C’est l’histoire de Yusuke Kafuku qui est un acteur et un metteur en scène qui vient de perdre sa femme. Il se rend à Hiroshima pour mettre en scène Oncle Vanya de Tchekhov lors d’un événement au théâtre.

Des jeunes femmes sont priées de le conduire dans sa voiture qui est une vieille Saab écarlate. Et ce qu’elles vont se dire dans cette ville meurtrie est d’une beauté si exquise que je l’ai vu plusieurs fois depuis ma première projection au Festival de Cannes et je n’ai même pas envie de raconter ce qu’elles ont à se dire et ce qu’elles partagent entre elles d’une si belle manière alors que le film dure plus de trois heures ! »

« Je l’ai également vu à une deuxième occasion. Je suis d’accord pour dire que c’est un film d’une richesse et d’une délicatesse incroyables, ainsi qu’une légèreté… Le film a Drive My Car quelque chose d’aérien et de profond. C’est vraiment une merveille.

Une alchimie entre deux personnages que tout oppose

À travers l’adaptation de la nouvelle de Murakami, Ryusuke Hamaguchi parvient à transmettre la vie et les pensées de cet homme de théâtre, qui a perdu sa femme et aussi la rencontre avec cette femme qui conduit son véhicule dont une Saab Turbo, qu’il n’a pas le droit de conduire. Les répétitions d’Oncle Vanya que le personnage principal met en scène, avec des acteurs qui n’utilisent pas la même langue, et avec une actrice muette qui joue dans la langue des signes… sont vraiment étonnantes.

La scène finale d’Oncle Vanya, avec tout ce qu’elle dit, est le célèbre « We will rest » qui résume le drame de ce qui arrive aux deux personnages principaux. Drive My Car peut vous faire croire que faire un tour dans une décharge et regarder les ordures disparaître, c’est comme regarder la neige fondre. Le scénario évocateur du retour à l’endroit où se trouve sa maison d’enfance qui a été emportée par un glissement de terrain peut être bouleversant.

C’est un contraste total avec tous les films de type « tom-tom » auxquels nous sommes exposés, c’est un véritable chef-d’œuvre. Le film aurait pu gagner la Palme d’or et les trois heures passent comme un souffle. La scène finale est extraordinaire et constitue un exploit d’une qualité artistique et cinématographique inouïe. »

J’aime beaucoup la façon dont le film est créé. Je suis sûr qu’il a gagné le prix du scénario. Dans les quarante premières minutes, il assemble des faits, dont les débuts d’En attendant Godot, une liaison accidentelle, un adultère…

Un climax puissant

Le générique, de manière assez surprenante, intervient à la fin dès 40 minutes, comme si toutes les informations avaient été accumulées en peu de temps. Le reste du film sera une sorte de naissance. D’exploration et d’exploration de soi. Drive My Car est spiritualiste dans le meilleur sens du terme.

La vérité sur l’autre sera révélée lentement au cours d’un temps qui s’étire, mais qui ne semble jamais lent, ni long. Les trois personnages tels que le réalisateur, la dame qui conduit sa voiture et l’acteur, qui joue un rôle crucial, vont découvrir leur véritable nature dans la pièce de Tchekhov.

C’est aussi une merveilleuse façon de rendre hommage à l’histoire d’Oncle Vania. Nous pouvons constater que le théâtre créé par le dramaturge russe est en phase avec les problématiques actuelles auxquelles nous sommes confrontés. La scène finale, à la fin de la pièce, est empreinte d’une immense émotion. »

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