Les films sur les enjeux écologiques de la vie contemporaine mettent souvent l’accent sur les résultats d’une consommation humaine sans entrave. En montrant les abus subis par l’environnement, ils fonctionnent à la fois comme un avertissement urgent et un plaidoyer désespéré. Claude Barras emprunte un autre chemin dans Sauvages (Sauvages)son long métrage d’animation incisif et édifiant sur une jeune fille de 11 ans essayant de protéger ses terres et ses habitants de la déforestation envahissante.

Première à Cannes, Sauvages se concentre sur la beauté élémentaire et la dignité de la préservation menée par la communauté. C’est le dernier film du réalisateur suisse dont le dernier film Ma vie de courgette a été créé à Cannes en 2016 et a été acclamé par la critique et nominé aux Oscars. Comme dans ce film, Barras ne condescend pas et ne condescend pas auprès des plus jeunes spectateurs. Sauvagesécrit par Barras et Catherine Paillé en collaboration avec Morgan Navarro et Nancy Huston, est intransigeant dans son message, trompeusement sobre dans ses instructions et absolument magnifique à regarder.

Sauvages

L’essentiel

Une ode inspirante et divertissante à la préservation écologique et culturelle.

Lieu: Festival de Cannes (séances spéciales)
Casting: Babette De Coster, Martin Verset, Laetitia Dosch, Benoît Poelvoorde, Pierre-Isaïe Duc, Michel Vuillermoz, Paysan Sailyvia
Directeur: Claude Barras
Scénariste : Claude Barras, Catherine Paille, Nancy Huston, Morgan Navarro

1 heure 27 minutes

Le film d’animation en stop motion se délecte de scènes du monde naturel, des couleurs vives de la jungle (verts doux, bleus vifs et bruns discrets) à la symphonie des animaux nocturnes (hiboux hurlants, cigales stridentes et grillons qui pleurent). En travaillant avec Charles de Ville sur la conception sonore, Barras approfondit notre compréhension de Bornéo, une grande île d’Asie du Sud-Est, avec la bande sonore des forêts tropicales. C’est ici, entre les cris stridents des oiseaux, les croassements des grenouilles et le bruissement du feuillage, que nous assistons à la première des nombreuses menaces à l’ordre environnemental.

Après avoir vu ses collègues de la plantation de palmiers à huile tuer de sang-froid une mère orang-outan, Kéria (Babette De Coster) et son père (Benoît Poelvoorde) sauvent le bébé primate du même sort. Ils ramènent le jeune orang-outan chez eux, où Kéria assume un rôle maternel et se lie rapidement avec l’animal. Elle nomme le singe Oshi, d’après le son qu’il émet en éternuant.

La relation naissante de Kéria avec Oshi est interrompue par la visite de son jeune cousin Selaï (Martin Verset), avec qui elle entretient une relation difficile. Une grosse bagarre entre les deux enfants conduit Selaï à s’enfuir avec Oshi et oblige Kéria, anxieuse, à s’aventurer plus profondément dans la forêt qu’elle ne l’a jamais fait seule.

L’action principale dans Sauvages démarre lorsque Kéria, Selaï et Oshi se retrouvent dans la forêt et retournent chez Selaï. Alors que certains films destinés à un public plus jeune pourraient faire de la forêt une étendue charmante, Barras reste réaliste : son portrait de la jungle souligne la beauté et la magie du monde naturel sans mentir sur ses côtés les plus dangereux et les moins attrayants. Il entrecoupe l’expédition de cet équipage hétéroclite de scènes de l’écosystème : des serpents venimeux se nourrissant de leur prochain repas et des panthères se faufilant à travers une végétation dense.

Alors que Kéria, Selaï et Oshi parcourent un terrain imprévisible – texturé de troncs d’arbres, d’animaux territoriaux et de fissures – les cousins ​​partagent des histoires les uns sur les autres. Selaï est Penan, un peuple nomade indigène de Bornéo, et sa mère l’a envoyé vivre chez son oncle pour qu’il apprenne à lire et à écrire à l’école. Avec Kéria, il partage légendes et enseignements du terroir transmis par son grand-père. Kéria est aussi Penan, mais sa relation avec la tribu s’est rompue après la mort de sa mère lorsqu’elle était jeune. L’adolescente a peu de souvenirs de son passage en forêt ou de son lien avec la terre.

Barras construit un récit inspirant à travers la redécouverte par Kéria de son identité, de l’apprentissage de morceaux de la langue Penan à la démonstration d’une plus grande appréciation de son rôle dans l’écosystème plus large. Avec l’aide de son grand-père (Pierre-Isaïe Duc) et de la vieille amie de son père, Jeanne (Laetitia Dosch), Kéria en découvre davantage sur l’histoire de sa famille et sur la lutte constante de la communauté contre sa propre extinction.

Cette approche anticoloniale recadre notre existence sur cette planète comme une dette envers l’avenir plutôt que comme un héritage du passé. Lorsque Kéria, Selaï et Oshi retrouvent le reste du peuple Penan, ils se lancent dans la lutte pour protéger la terre de l’entreprise d’huile de palme. Sauvages offre une position résolue et inflexible sur ce qu’il faudra faire pour sauver l’environnement de la cupidité. C’est inspirant de voir Kéria participer à des actions directes contre les bûcherons industriels qui invoquent le pouvoir impérial pour intimider sa famille et ses amis.

En anglais, le mot « sauvage » signifie primitif, sauvage, sauvage. Les salariés de la plantation de palmiers à huile utilisent souvent ce terme pour insulter Kéria et sa famille, qui rejettent les tentatives de rachat de l’entreprise. Alors que le film de Barras arrive à sa conclusion galvanisante, il oblige le public à changer de perspective. Les véritables brutes ne sont pas ceux qui tentent de défendre la terre, mais ceux qui cherchent à la détruire.

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