Les lieux de Londres et de Paris sont jolis, les acteurs sympathiques sont tous élégants dans leurs manteaux volumineux, leurs pantalons amples et leurs tricots vieillis, et les innombrables gros plans aux yeux larmoyants sont conçus pour toucher nos cœurs. Mais celui de Netflix Bon chagrin, malgré le vaste travail de dragage de l’âme de ses personnages, est tout en surface, parfaitement regardable mais un peu ennuyeux. Travaillant à la fois derrière et devant la caméra après avoir fait ses armes en réalisant des épisodes de Ruisseau Schitt, Daniel Levy a réalisé un premier long métrage qui est un drame brillant sur l’amour et la perte et le pouvoir réparateur de l’amitié. Mais c’est plus sérieux qu’affectant.

La scène d’ouverture en fait, sinon un film de Noël, du moins un film adjacent à Noël. Levy incarne Marc, un artiste londonien qui a mis de côté son propre travail créatif pour servir d’illustrateur dans la série de romans fantastiques à succès écrits par son mari adoré, Oliver (Luke Evans), sur la chercheuse télépathique de vérité Victoria Valentine, qui ont a été transformé en une franchise cinématographique majeure.

Bon chagrin

L’essentiel

Rien de trop profond ici.

Date de sortie: Vendredi 29 décembre
Casting: Daniel Levy, Ruth Negga, Himesh Patel, Luke Evans, Celia Imrie, David Bradley, Arnaud Valois, Mehdi Baki, Emma Corrin, Kaitlyn Dever
Réalisateur-scénariste : Daniel Lévy

Classé R, 1 heure 40 minutes

Avant de se rendre à une séance de dédicaces à Paris, Oliver supervise le segment annuel des chants de leur fête de Noël, conduisant les invités dans un magnifique arrangement choral du classique saisonnier de William Bell, « Everyday Will Be Like a Holiday ». C’est le moment le plus émouvant du film. Mais Marc a à peine dit au revoir que des feux clignotants dans la rue révèlent un accident impliquant le taxi d’Oliver.

Une perte bouleversante, qui survient peu de temps après la mort de la mère de Marc, le pousse à s’accrocher étroitement à sa famille choisie : Sophie (Ruth Negga), alcoolisée et bohème-chic, et Thomas (Himesh Patel), son ex-petit ami malheureusement célibataire. Déjà, lors des funérailles d’Oliver, l’incertitude tonale s’installe lorsque l’actrice qui incarne Victoria dans les films (Kaitlyn Dever) prend la parole lors du service, vêtue d’une tenue extrêmement inappropriée et faisant tout pour elle. C’est une satire discordante et brutale qui semble déplacée. Le père d’Oliver (David Bradley) remet les choses sur les rails dans un discours émouvant interprété avec une tendresse douloureuse.

La découverte troublante de Marc par la comptable du couple (Celia Imrie) selon laquelle Oliver possédait un pied-à-terre à Paris l’amène finalement à ouvrir la carte de Noël que son mari lui a tendue avant de quitter cette nuit fatidique. Ce qu’il apprend l’oblige à repenser tout son mariage et semble tourner en dérision l’année qu’il a passée dans son deuil. Gardant l’information pour lui, il invite Sophie et Thomas à passer un week-end avec lui dans la capitale française, apparemment en guise de remerciement pour leur soutien affectueux.

Des situations similaires dans lesquelles des conjoints veufs se retrouvent confrontés aux secrets de leur défunt partenaire ont été explorées dans des films allant des drames d’auteur européens comme celui de Kieslowski Trois couleurs : bleu aux efforts de studio inoubliables comme ceux de Sydney Pollack Coeurs aléatoires.

Mais l’intérêt de Levy pour cette découverte révélatrice ne va pas plus loin. Finalement, des facteurs externes ne laissent à Marc d’autre choix que de combler les détails manquants pour Sophie et Thomas, date à laquelle l’attention s’est déplacée vers la stagnation émotionnelle dans la vie de tous les trois. Leur mécontentement mutuel éclate alors qu’ils chevauchent la grande roue géante de la place de la Concorde, avec en toile de fond le ciel nocturne scintillant de Paris.

Le lieu privilégié de cette scène – tout comme une visite à l’Orangerie en dehors des heures d’ouverture avec un Français romantique (Arnaud Valois) pour voir les « Nymphéas » de Monet – est caractéristique d’un film qui habille le drame relationnel familier par des moyens superficiels tout en allant trop rarement au-delà. des platitudes ou des points de discussion pop-psych sur la façon dont nous traitons le deuil ou sur la façon dont des amis de confiance peuvent être indispensables pour surmonter des crises émotionnelles.

La mélancolie chatoyante de la partition de Rob Simonsen suggère souvent une profondeur de sentiment qui manque dans l’écriture et, par extension, dans les interprétations. Le scénario est sensible mais jamais très pénétrant, et l’intimité du film est plus mise en scène que vécue. Demander à Sophie de mettre « Only Love Can Break Your Heart » de Neil Young sur la platine tout en levant un verre « à la putain de douleur ! » est tout simplement trop pointu pour être tout sauf mièvre.

Comme le camée mal ajusté de Dever, Emma Corrin apparaît pour un moment ingrat en tant qu’artiste de performance se débattant dans une toile de tricot dans l’espace d’une galerie d’entrepôt de Londres. Mais à part montrer les trois amis dans leur milieu artistique, la scène n’apporte rien.

Il y a peut-être quelque chose à considérer ici sur le deuil en tant que voie vers l’auto-examen et la renaissance créative. Il n’y a certainement aucune raison de remettre en question la sincérité des intentions de Levy. Mais il n’a pas réussi à étoffer tous les discours emo en un drame captivant, en créant un film passable comme du fourrage en streaming (il sortira sur Netflix le 5 janvier, après une semaine dans certains cinémas), bien qu’il ne soit pas suffisamment distinctif pour vous attirer et vous fait vous soucier beaucoup de ses personnages.

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