Le deuxième long métrage d’Abdellah Taïa est décrit comme « une ode étrange à la période apparemment insouciante de la jeunesse », mais il s’avère un peu aussi insouciant dans sa représentation de deux jeunes gens qui passent leur temps dans la station balnéaire marocaine qui donne son titre au film. Bien qu’il offre une atmosphère langoureusement sensuelle à revendre grâce à son décor et à ses jeunes interprètes principaux sexy, Cap Noirprésenté en première mondiale au Festival international du film de Karlovy Vary, s’avère finalement frustrant avec sa narration volontairement oblique.
L’histoire, telle qu’elle est, tourne autour de Jaafar (Youness Beye, Les fantômes de Beyrouth) et son amie Soundouss (Oumaima Barid, Animalia), qui arrivent dans une somptueuse villa louée par l’amant de Jaafar, Jonathan, qui est censé arriver plus tard. Mais il ne se présente pas et ne répond pas aux messages de Jaafar. Alors le couple reste assis, passe du temps à traîner sur la plage, à feuilleter les livres de table basse richement illustrés sur le thème du cinéma de la maison, et à attendre. Et à attendre. (Et, pour une raison quelconque, ils dorment l’un à côté de l’autre dans la même pièce malgré le fait que la maison palatiale ait clairement plusieurs chambres.)
Cap Noir
L’essentiel
Lourd en atmosphère, léger en substance.
Lieu: Festival international du film de Karlovy Vary
Casting:Youness Beyej, Oumaima Barid, Julian Compan
Réalisateur-scénariste:Abdellah Taïa
1 heure 16 minutes
Finalement, différentes personnes commencent à apparaître, notamment un homme qui leur dit qu’il est récemment sorti de prison après avoir purgé une peine de trois ans et qui reste en tant qu’invité. Au milieu de la nuit, il se présente dans la chambre où dorment Soundouss et Jaafar, demandant s’il peut les rejoindre car il a peur de la villa. Le propriétaire de la maison se présente également plus tard, pour vérifier les choses.
A court d’argent, Jaafar commence à se louer pour coucher avec divers hommes. Soundouss finit par le rejoindre, se proposant de faire partie d’un trio si elle le souhaite. Ils se lient d’amitié avec divers inconnus, dont un Français à qui ils posent des questions sur la vie en France. Ils organisent des fêtes dans la maison, avec danse et repas maison composé de poulet et de couscous, préparé à partir de poulets vivants achetés sur un marché voisin (ils déclinent l’offre du vendeur de les abattre). Et beaucoup d’invités restent, tous dormant dans une seule pièce comme lors d’une soirée pyjama géante.
Une femme et ses jeunes enfants arrivent et rendent à Jonathan les vêtements qu’il avait laissés au nettoyage. Le propriétaire de la maison revient, qualifiant Soundouss et Jaafar de sales et leur ordonnant de partir. Et lorsque Jaafar parvient enfin à joindre Jonathan au téléphone, les choses ne se passent pas tout à fait comme il l’espérait.
On peut supposer que l’on est censé admirer les deux personnages principaux comme des esprits libres, non liés par la morale conventionnelle et se complaisant dans la puissance de leur sensualité juvénile. Mais malgré tous les efforts des interprètes principaux, ils restent au mieux des chiffres, aussi mystérieux et inexplicables que les circonstances qui les entourent. La tentative du réalisateur-scénariste de donner un air de mystère surréaliste à la non-apparition de l’amante de Jaafar n’apporte pas grand-chose, pas plus que les épisodes légèrement absurdes impliquant les personnages secondaires.
Au moment où il atteint sa conclusion insatisfaisante, nous avons perdu patience avec Cap Noir Malgré sa courte durée de 76 minutes, on se demande combien cela coûterait de louer une maison comme celle du film et à quelle distance exacte de la plage elle se trouve.