La route qui mène aux mauvais films est souvent pavée de bonnes intentions, et c’est malheureusement le cas de Mes nouveaux amis (Les Gens d’à côté), un drame social minable du réalisateur français chevronné André Téchiné.

Mettant en vedette Isabelle Huppert dans le rôle d’une policière en deuil qui se retrouve à côté d’un militant anti-policier, le film raconte une histoire digne et opportune, mais met à rude épreuve la crédulité dès le départ et ne parvient jamais à nous convaincre.

Mes nouveaux amis

L’essentiel

Un raté d’un auteur doué.

Lieu: Festival du film de Berlin (Panorama)
Casting: Isabelle Huppert, Nahuel Pérez Biscayart, Hafsia Herzi, Romane Meunier, Moustapha Mbengue
Directeur: André Téchiné
Scénaristes : André Téchiné, Régis de Martrin-Donos

1 heure 25 minutes

Téchiné, aujourd’hui âgé de 80 ans, a connu quelques succès et ratés au cours de sa longue carrière, qui comprend une série de succès d’art et d’essai des années 1990 (Ma saison préférée, Roseaux sauvages et Voleurs) qui a fait de lui un auteur international estimé. Son œuvre récente la plus mémorable est le drame pour adolescents gay magnifiquement interprété. Avoir 17 ansdont la première a eu lieu à Berlin en 2016. Les trois longs métrages qu’il a réalisés depuis sont moins impressionnants.

Sur papier, Mes nouveaux amis, que le réalisateur a co-écrit avec Régis de Martrin-Donos, a un décor pas mal : l’officier de police judiciaire Lucie (Huppert) se remet encore du suicide de son collègue flic Slimane (Moustapha Mbengue), avec qui elle avait construit une longue relation professionnelle et vie privée dans une banlieue endormie du sud-ouest de la France. De retour au travail mais incapable de s’en sortir, Lucie participe à des rassemblements de soutien aux victimes de la police comme Slimane, tout en restant seule alors qu’elle continue de pleurer sa perte.

Tout change lorsqu’une nouvelle famille emménage dans la maison voisine. La mère, Julia (Hafsia Herzi), est une enseignante chaleureuse et généreuse qui fait de son mieux pour s’occuper d’une jeune fille, Rose (Romane Meunier), qui a tendance à s’éloigner de la maison. Le père, Yann (Nahuel Pérez Biscayart), est un papa aimant et artiste talentueux, mais — et c’est un grand mais — c’est aussi un artiste engagé. bloc noir activiste qui affronte la police lors de manifestations et qui est sous surveillance gouvernementale régulière.

Lucie se rapproche rapidement de ses voisins, garde Rose et offre au couple des conseils de jardinage. Lorsqu’elle s’interroge sur les vocations politiques de Yann, elle décide de cacher qu’elle est flic. Comme beaucoup de choses dans Mes nouveaux amis, cela semble exagéré. Les autres voisins ne connaîtraient-ils pas son travail et n’en parleraient-ils pas ? Ne la verraient-ils pas rentrer du travail avec une arme à feu et un badge ? Et son mari décédé, qui était aussi flic et dont les photos ornent les murs de la maison de Lucie ?

L’essentiel du drame repose sur ce secret, jusqu’à ce que Yann ait de gros ennuis avec ses camarades militants et que Lucie décide de l’aider. Mais même cela n’apporte que peu de tension dans un film qui manque à la fois de suspense et de logique, Téchiné ayant recours à la voix off pour expliquer les intentions de Lucie lorsqu’elles ne sont pas tout à fait claires ou crédibles. Il fait également revenir Slimane mort sous la forme d’un fantôme, jouant du piano dans la maison la nuit sous le regard silencieux de Lucie.

Huppert est généralement ce qu’il y a de mieux dans les films dans lesquels elle joue, mais sa performance ici semble aussi confuse que son personnage, et il n’y a jamais un moment où elle apparaît crédible en tant que flic (l’étendue du travail policier de Lucie consiste à prendre des photos d’un seul homme). suspect). Herzi et Pérez Biscayart s’en sortent mieux, même si le couple a tendance à exprimer chaque pensée à haute voix, dans un scénario autoritaire qui ressemble souvent à celui d’un téléfilm.

Même techniquement, le film semble avoir été assemblé au hasard, avec une photographie à main levée fragile et un montage qui semble trop tronqué (la durée sans générique est d’un peu plus de 80 minutes). Les autres films de Téchiné ont présenté des moments à couper le souffle, surtout lorsqu’il les déroule au milieu de la beauté languissante de la campagne française. Ici, la mise en scène est au mieux utile, et le résultat n’est jamais joli.

Mes nouveaux amis aborde certains problèmes intéressants, qu’il s’agisse de ses engagements professionnels ou personnels, de ses convictions politiques contradictoires ou de la gestion des traumatismes et des pertes, mais il ne parvient à traiter aucun d’entre eux de manière convaincante. Cela inclut un épilogue qui ressemble, sans jeu de mots, à une dérobade totale. C’est comme si Téchiné n’avait pas les convictions que ses personnages sont censés avoir, ce qui peut expliquer pourquoi son dernier film a certes de bonnes intentions mais finit par se jouer assez mal.

A lire également