Parmi les nombreux films que l’on pourrait imaginer sortir de l’esprit de l’auteur français Bruno Dumont, un Guerres des étoiles la parodie était probablement quelque part au bas de la liste.

Pourtant, cela fait longtemps que le lauréat du Grand Prix du Jury de Cannes, qui s’est fait connaître à la fin des années 90 avec des œuvres au réalisme viscéralement stylisées comme La vie de Jésus et Humanités’est éloigné de ses racines dures pour se tourner vers une satire d’art et d’essai accentuée.

L’empire

L’essentiel

Que la farce soit avec vous.

Lieu: Festival du Film de Berlin (Compétition)
Casting: Brandon Vlieghe, Anamaria Vartolomei, Lyna Khoudri, Julien Manier, Camille Cottin, Fabrice Luchini
Réalisateur, scénariste: Bruno Dumont

1 heure 51 minutes

Son dernier effort, la farce de science-fiction L’empire (L’Empire), correspond parfaitement à ce dernier moule, bien qu’il regorge de suffisamment d’effets visuels, de batailles au sabre laser, de vaisseaux spatiaux et de prophéties pour donner du fil à retordre à George Lucas. Autrement dit, si Lucas décidait de fixer le prochain Guerres des étoiles dans une ville endormie du nord de la France, a fait appel à un mécanicien local pour jouer l’un des rôles principaux et a lancé quelques scènes de sexe flagrantes, ainsi que les deux flics maladroits de P’tit Quinquin (La série télévisée de Dumont de 2014 qui se moquait des drames policiers sérieux comme Vrai détective).

Dans les notes de presse, le réalisateur affirme L’empire est censé être une préquelle de La vie de Jésus. Cela semble être un tronçon majeur, même s’il présente certains des mêmes paysages époustouflants et des photographies grand écran impressionnantes, cette fois grâce au directeur de la photographie David Chambille (qui a tourné les derniers longs métrages de Dumont). La différence ici est que ces paysages sont parfois interrompus par l’arrivée d’un navire flottant géant qui ressemble exactement à la Sainte-Chapelle de Paris et abrite une puissante Reine interstellaire, apparaissant sous la forme d’un hologramme, jouée par Appelle mon agentC’est Camille Cottin.

Êtes-vous un peu déboussolé ? Eh bien, tant mieux, car Dumont n’essaie pas de rendre quoi que ce soit réel ou crédible. C’est à peu près son modus operandi depuis une décennie maintenant, avec sa récente production composée de deux biopics délirants sur Jeanne d’Arc, un mystère de meurtre loufoque de la belle époque intitulé Baie Slack et la satire des médias modernes Francequi était le plus réel du groupe.

Comme pour ces films, le problème avec L’empire c’est que c’est tellement exagéré qu’il peut souvent être difficile de rester assis, à moins que vous ne partagiez le sens de l’humour très décalé de Dumont. Pourtant, il y a quelques bons gags dans celui-ci, ainsi que de nombreux effets visuels trippants et astucieusement rendus par Hugues Namur (Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu), qui fusionne l’architecture française historique, y compris l’ensemble du château de Versailles, avec une technologie futuriste pour créer sa flotte intergalactique.

Quant à l’intrigue, tout comme dans Guerres des étoiles cela implique les forces du bien et du mal. Le bien est représenté par l’Église (il y a toujours eu un côté mystique dans l’œuvre de Dumont) et le mal par la monarchie, le vétéran Fabrice Luchini jouant un personnage ressemblant à Dark Vador appelé Belzébuth. Ce dernier est vêtu d’un costume de bouffon qui ressemble à un rebut du film de Tim Burton. Alice au pays des merveilles. Dans une scène, Luchini est assis sur le trône de son château flottant et regarde ce qui ressemble à un derrière géant et tournoyant danser au rythme d’un groupe de jazz composé de trois musiciens.

De retour sur Terre, dans la ville balnéaire de Boulogne-sur-Mer, la bataille épique se concentre autour d’un enfant nommé Freddy, que les bons et les méchants croient être un futur roi appelé Margat. Son père, Jony (Brandon Vlieghe), l’a élevé au service de Belzébuth, et il est aidé par la nouvelle venue très extraterrestre Line (Lina Khoudri). Mais leurs plans sont contrecarrés par Jane (Anamaria Vartolomei de Événement), une princesse Léa vêtue d’un bikini et accompagnée d’un rebelle (Julien Manier) qui parcourt la ville en décapitant les gens avec son épée légère.

L’histoire est tellement absurde et pince-sans-rire, et le jeu des acteurs est si exagéré quand il n’est pas totalement plat, qu’il semble ridiculiser l’ensemble du film. Guerres des étoiles franchise dans son incompétence délibérée. En réduisant ces films au strict minimum de leurs intrigues et en insérant quelques clins d’œil visuels à d’autres succès de science-fiction récents, tels que Dune et ArrivéeDumont nous rappelle que ces mastodontes hollywoodiens valant des milliards de dollars peuvent être des entreprises simplistes, voire idiotes, si l’on enlève l’emballage coûteux dans lequel ils entrent.

L’empire est à des années-lumière des œuvres de Lucasfilm, et pourtant, lorsque vous prenez du recul et regardez au-delà de toute l’étrange francophonie du nord, cela peut parfois sembler assez proche. C’est donc dommage que Dumont n’ait pas pu faire quelque chose de plus divertissant pour que la satire se déroule sans problème.

Comme ses autres films récents, celui-ci n’est pas facile à regarder, même s’il est définitivement original et, selon l’habitude, impeccablement réalisé. On peut accuser Dumont de beaucoup de choses, y compris de mettre à l’épreuve la patience du spectateur, mais au moins il n’a pas vendu son film et n’est pas passé du côté obscur.

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