Avant que Mira (Preeti Panigrahi), une jeune fille de 16 ans têtue et douée sur le plan académique, ne rencontre Sri (Kesav Binoy Kiron), elle ne pensait pas à l’amour. Elle se concentrait sur ses devoirs et rêvait d’obtenir des scores parfaits. Leur fréquentation, une série de rencontres attachantes qui commencent par une nuit d’observation des étoiles, change ses priorités. Désormais, Mira étudie le corps de Sri, fantasme sur leurs baisers et rivalise pour attirer son attention.

Le drame du premier long métrage de Shuchi Talati Les filles seront des filles se déploie à la vitesse d’une prise de conscience. Il s’agit d’un récit lent et délibéré, dont le rythme reflète les courants émotionnels de la vie de Mira. S’acclimater à son rythme persistant, à sa sensibilité flânante, prend du temps. Présenté en première dans la compétition dramatique mondiale à Sundance, le film de Talati offre une vision sensible et distinctive de la dynamique tendue entre les mères et les filles.

Les filles seront des filles

L’essentiel

Mieux encore lorsqu’on se concentre sur son étrange triangle amoureux.

Lieu: Festival du film de Sundance (Compétition dramatique du cinéma mondial)
Casting: Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, Kesav Binoy Kiron
Réalisateur-scénariste : Shuchi Talati

1 heure 58 minutes

Le film s’ouvre sur une célébration. Mira est annoncée comme préfète en chef, un rôle qui n’a jamais été occupé par une fille dans son internat mixte et socialement conservateur dans l’Himalaya. La nomination est un signe de progrès et l’étudiant ambitieux la prend au sérieux. Lorsque Mira prend place sur le podium, se préparant à diriger la récitation de l’engagement de l’institution, elle le fait avec une fierté et une confiance sincères. Elle scrute la foule devant elle, étudiant les visages de ses camarades de classe, dont Sri, le nouveau garçon transféré d’une école internationale à Hong Kong.

Mira, nous apprendrons, regarde toujours. Talati et son directeur de la photographie Jih-E Peng utilisent souvent des prises de vue en contre-plongée de l’adolescente observant son environnement pour souligner la perspicacité de la jeune femme. Le nouveau venu Panigrahi contribue à façonner la confiance en soi du personnage avec une performance qui reste curieuse des niveaux de confiance de Mira. Une grande partie de sa conviction vient de la connaissance et du respect des règles. Lorsque la jeune femme devient fascinée par Sri, nous remarquons qu’une partie de cette maîtrise de soi disparaît.

Talati, qui a écrit le scénario, met en place efficacement la relation entre Mira et Sri. Les adolescents se rencontrent via le club d’astrologie et commencent rapidement à passer tout leur temps ensemble. Lorsque la mère de Mira, Anila (Kani Kusruti), se méfie du fait que sa fille se faufile, elle organise une intervention brutale. Anila prévient Mira des dangers de cette distraction ; si l’adolescente échoue à ses examens, ce n’est pas son père qui en voudra à Mira, mais sa mère. Ici, et ailleurs, le scénario de Talati parvient à communiquer toute une vie d’histoire avec une déclaration poignante. Il y a un autre moment plus tôt dans le film, lorsque Sri demande si Mira a toujours peur de sa mère. « Non », dit Mira d’un ton neutre. « Maintenant, je ne peux plus la supporter. »

Mira devient de plus en plus irritable envers sa mère à mesure que sa relation avec Sri progresse. Pour garder un œil vigilant, Anila propose que les deux « amis » (comme Mira insiste sur le fait qu’ils le sont) ne puissent passer du temps que chez Mira. Cet arrangement active le cœur du film : un triangle amoureux émotionnel entre Mira, Sri et Anila.

Lorsque Talati se concentre sur la relation entre ces trois-là, il apparaît clairement que c’est là le véritable intérêt du film. Plus qu’une romance fantaisiste entre deux amants adolescents, Les filles seront des filles est une question de pouvoir genré. Alors que Sri passe plus de temps chez Mira, son attention passe de sa petite amie à sa mère. Rien de fâcheux ne se produit, mais l’énergie de ces rencontres est pleine de tension.

Les femmes sont en compétition. Pourquoi et pour quelle raison ? Dans les récits sur les mères et leurs filles, l’envie est souvent le fil conducteur silencieux des échanges cruels. Non seulement Les filles seront des filles dites à voix haute la partie calme, il interroge également cette notion, devenant un drame de chambre troublant et axé sur les personnages. Le charme de Sri prend des nuances calculées, la confiance de Mira tremble face à des sentiments inattendus et les motivations d’Anila pour surveiller sa fille de manière belliciste semblent plus compliquées. Les performances revigorantes de Panigrahi et Kusruti dans cette section approfondissent notre compréhension de la relation entre Mira et Anila, un désordre caustique de coups amers, de roulements d’yeux et d’épaules froides.

Les filles seront des filles perd une partie de son intrigue dans son troisième acte, où Talati opte pour des conclusions qui semblent trop simples et prévisibles pour son récit intelligent. Cela n’annule pas le travail que Talati a fait pour arriver ici, mais cela donne envie que la réalisatrice reste un peu plus longtemps avec son histoire.

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