Il faut, pour utiliser un terme technique précis, culotqu’un cinéaste adapte le même matériel source que Stanley Kubrick. Pourtant, c’est exactement ce que le réalisateur Florian Frerichs (La Cène) a fait avec Traumnovelleson film basé sur la nouvelle classique d’Arthur Schnitzler de 1926 qui a également inspiré le dernier film de Kubrick, 1999 Les yeux grands fermés. Frerichs propose une approche cinématographique de l’histoire plus fidèle que celle de Kubrick, et aussi plus érotique. (Kubrick, malgré tout son génie, avait tendance à être froid dans son travail, même lorsqu’il abordait des thèmes osés). Néanmoins, il est difficile d’éviter de faire des comparaisons, qui colorent inévitablement votre opinion sur ce film qui a reçu sa première mondiale au Festival du film d’Oldenburg.

L’histoire a été adaptée au Berlin d’aujourd’hui, ce qui permet des touches révélatrices comme celle de la première scène, lorsque deux belles femmes draguent un homme dans une boîte de nuit en lui démontrant les effets bénéfiques d’une application de vibromasseur. L’homme est Jacob (Nikolai Kinski, le fils de Klaus, qui ne projette pas tout à fait le même air menaçant que son père), un médecin, qui est venu au club avec sa femme Amelia (Laurine Price, Phénix). Même si lui et Amelia attirent tous deux l’attention du sexe opposé lorsqu’ils sont dehors, ils rentrent consciencieusement chez eux ensemble.

Traumnovelle

L’essentiel

Un rêve cinématographique dont vous ne vous souviendrez qu’à moitié.

Lieu: Festival du film d’Oldenbourg
Casting Nikolai Kinski, Laurine Price, Detlev Buck, Nicole Nagel, Patrick Molleken, Nora Islei, Nike Martens, Bruno Eron, Sharon Kovacs
Directeur: Florian Frerichs
Scénaristes: Florian Frerichs, Martina van Delay

1 heure 49 minutes

Mais cette expérience les amène à parler de désirs et de fantasmes sexuels. Amelia avoue s’être entichée de loin d’un bel officier de marine danois alors qu’ils étaient récemment en vacances. Jacob, outré et blessé, se dirige alors vers la nuit, où il vit une série de rencontres étranges et sexuellement teintées – les plus notables étant des visites dans un bordel après avoir rencontré une belle jeune femme (Nora Islei) dans la rue et une soirée sexuelle privée dans laquelle tous les participants doivent porter des masques.

Le film est parsemé de nombreuses séquences fantastiques, notamment celle où Jacob se produit sur scène dans un opéra et où d’autres chanteurs lui crachent du sang ; et celle où Jacob parvient à maîtriser à lui tout seul une bande d’assaillants, du moins jusqu’à ce que l’un d’eux le poignarde dans le ventre. Tout cela se passe comme prévu par Schnitzer, comme une longue séquence de rêve avec de nombreux éléments sexualisés, notamment l’infirmière dans le bureau de Jacob.

Le réalisateur, qui travaille à partir d’un scénario coécrit avec Martina van Delay, fait quelques grands écarts stylistiques, comme lorsque Jacob brise soudainement le quatrième mur et s’adresse directement au spectateur assez tard dans le film. Il utilise également une animation colorée, dont certaines sont rotoscopées, pendant une séquence de rêve visuellement frappante mais qui semble incongrue avec ce qui la précède. Il est également étrange que les dialogues soient en anglais, avec seulement quelques bribes d’allemand, comme dans un vieux film sur la Seconde Guerre mondiale.

Traumnovelle est certainement captivant, grâce à la nature fascinante et sordide de son matériel source, mais il évoque trop souvent le genre d’érotisme soft-core qui apparaissait régulièrement sur le câble en fin de soirée, comme Carnets de notes Red Shoe. (À la fin du film, on s’attend presque à une réflexion réfléchie de David Duchovny. Au lieu de cela, nous avons droit à une citation de Sigmund Freud.)

Kinski, qui est à l’écran pratiquement à chaque minute, est une présence à l’écran incroyablement décalée, plus convaincante dans son voyage dans le terrier du lapin sexuel que Tom Cruise n’a jamais réussi à l’être. Sa performance est l’un des éléments les plus forts d’un film qui n’est jamais à la hauteur de ses ambitions considérables.

Crédits complets

Lieu : Festival du film d’Oldenbourg
Production : Warnuts Entertainment, Studio Babelsberg
Avec Nikolai Kinski, Laurine Price, Detlev Buck, Nicole Nagel, Patrick Molleken, Nora Islei, Nike Martens, Bruno Eron, Sharon Kovacs
Réalisateur-monteur : Florian Frerichs
Scénaristes : Florian Frerichs, Martina van Delay
Producteurs : Cristoph Fisser, Florian Frerichs
Producteurs exécutifs : Kai Bosesky, Sebastian Fruner, Christoph Glaser, Katja Hoerstmann, Mathias Kemme, Thomas Kreschmar, Henning Molfenter, Annegret Weilkamper-Krug, Charlie Woebcken
Directeur de la photographie : Konstantin Freyer
Décorateurs : Tonja Bombach, Itamar Zechoval
Compositeur : Tuomas Kantelinen
Costumier : Itamar Zechoval


1 heure 49 minutes

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