Le cadre du premier long-métrage de Subhadra Mahajan est peut-être froid, mais l’ambiance est chaleureuse. Le film, au titre bien choisi, tourne autour de Nia, une jeune Indienne déprimée qui quitte Delhi et s’échappe dans la résidence d’été de sa famille dans l’Himalaya en plein hiver pour se remettre d’un traumatisme. Ce qu’elle vit là-bas dément ses attentes et celles du spectateur, dans un endroit si glacial que la région pourrait bien connaître une vague de tourisme. Un film qui fait du bien dans le meilleur sens du terme, Deuxième chance est présenté en première mondiale au Festival international du film de Karlovy Vary.

Dans les premières minutes du film, on entend un appel téléphonique frénétique qui nous donne une idée de la tourmente de Nia, à savoir qu’elle a pris des pilules abortives après être tombée enceinte d’un petit ami qui l’a abandonnée et qu’elle veut désespérément cacher le secret à ses parents. On passe ensuite à un plan de Nia (Dheera Johnson, qui fait des débuts impressionnants au cinéma) scrutant une vue digne d’une carte postale des majestueux Himalaya, qui n’en sont que plus époustouflants dans le film monochrome en noir et blanc.

Deuxième chance

L’essentiel

Le décor n’est pas la seule belle chose du film.

Lieu: Festival international du film de Karlovy Vary
Casting: Dheera Johnson, Thakri Devi, Kanav Thakur, Rajesh Kumar, Ganga Ram, Shaurya Bastola, Tarini Sud
Réalisateur-scénariste: Subhadra Mahajan

1 heure 44 minutes

Le gardien de la maison étant appelé pour une mission inexpliquée, Nia doit passer du temps avec sa belle-mère âgée Bhemi (Thakri Devi) et son petit-fils turbulent de huit ans Sunny (Kanav Thakur), qui passe la plupart de son temps à jouer à Superman. Nia, quant à lui, comme tout citadin, erre dans la propriété à la recherche désespérée d’un signal de téléphone portable.

Bien qu’elle soit d’abord agitée, Nia s’habitue rapidement à son nouvel environnement, dégustant les raviolis faits maison de Bhemi, participant à l’entraînement de frappe avec Sunny et tissant des liens avec un chaton confié à ses soins après avoir agacé Bhemi une fois de trop. Elle retrouve un ancien petit ami qu’elle n’a pas vu depuis dix ans, qui vient la chercher et la ramène chez lui pour rencontrer sa femme. Elle se rend à une fête avec des jeunes du coin et consomme des drogues récréatives. Et elle s’entraîne avec bonheur à des mouvements de danse seule au milieu de la beauté naturelle du paysage.

Le scénariste et réalisateur Mahajan sait nous bercer avec un rythme lent et sans hâte, de sorte que nous finissons par succomber aux mêmes rythmes plus calmes que Nia. Et au lieu de choisir la facilité avec un humour bon marché au détriment des personnages ruraux, elle les investit d’une dignité tranquille et d’une sagesse pragmatique. Les scènes impliquant un vieux berger (Ganga Ram) qui passe nous rendre visite et se révèle tout à fait charmant sont particulièrement agréables. « Rien ne vaut une tasse de thé chaud ! » s’exclame-t-il après avoir bu quelques gorgées, avant de complimenter généreusement Bhemi sur ses beignets d’oignon. « Si tu n’étais pas resté célibataire, tu aurais apprécié de tels délices », le réprimande-t-elle.

Bhemi, qui passe ses journées à travailler sans relâche, a également une histoire tragique, comme le montre clairement une scène dans laquelle elle raconte à Nia un épisode déchirant impliquant la défunte mère de Sunny. Et elle n’hésite pas à agir, insistant pour appeler un médecin lorsque Nia commence à saigner abondamment à cause des complications liées aux pilules abortives. Plus tard, elle la calme en lui assurant que le médecin sait garder un secret.

Mêlant sans effort un humour doux à un drame poignant, Deuxième chance nous fait nous identifier pleinement à son personnage principal qui parvient à retrouver son équilibre émotionnel grâce à ses interactions avec ce qui devient une nouvelle famille. On se retrouve tout aussi surpris par ce développement inattendu qu’elle, mais entre le cadre magnifique et les personnages attachants, cela prend tout son sens.

Les performances très attachantes de l’enfant acteur Thakur et de la mature Devi, qui n’avaient jamais joué auparavant, sont un élément clé, tout comme l’interprétation touchante de Johnson dans le rôle de Nia. Bien sûr, rien de leur travail n’est comparable à celui de la féline Yuki, qui vole complètement la vedette au film.

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