Un petit néo-noir astucieux porté par deux protagonistes sympathiques, Lac George suit deux criminels d’âge moyen qui tentent d’arnaquer un riche gangster et de s’en sortir d’une manière ou d’une autre.

Est-ce une prémisse familière ? Oui. Les stars Shea Whigham et Carrie Coon parviennent-elles à rendre le matériel à la fois frais et engageant ? Oui. Existe-t-il encore un public théâtral pour ce genre de thriller de niveau B modeste, bien joué et savamment conçu ? Cela reste à voir.

Lac George

L’essentiel

À la fois familier et frais.

Lieu: Festival du film de Tribeca (récit sous les projecteurs)
Casting: Shea Whigham, Carrie Coon, Glenn Fleshler, Max Casella
Réalisateur, scénariste : Jeffrey Reiner

1 heure 38 minutes

Présenté en avant-première au Tribeca Film Festival, le dernier long métrage du vétéran Jeffrey Reiner offre quelques rebondissements bienvenus sur un scénario typique du film noir : l’ex-détenu Don (Whigham) sort de prison et tente de récupérer l’argent qui lui est dû par un voyou de Los Angeles, Armen. (Glenn Fleshler), qui vit dans un immense McMansion dans les collines d’Hollywood. Mais Don n’est pas un dur à cuire, et il finit par être contraint de tuer l’ancienne compagne d’Armen, Phyllis (Coon).

Il n’y a rien de nouveau dans cette configuration, qui est élaborée dans les 10 premières minutes environ. Le reste de Lac George tout dépend de la façon dont cette intrigue initiale se déroule et continue de se dérouler jusqu’à la toute fin.

En effet, Don n’est pas un hors-la-loi typique, mais plutôt un expert en sinistres doux et fatigué du monde qui a purgé une longue peine de prison pour avoir aidé Armen à commettre une série de fraudes à l’assurance. De l’autre côté de la colline, avec un bras malade et paralysé par des crises de panique, il n’est pas exactement le bon candidat pour commettre un meurtre. Il n’est donc pas surprenant qu’au lieu de tirer sur Phyllis à bout portant comme il était censé le faire, il se soit trompé en faisant équipe avec elle pour voler Armen et commencer une nouvelle vie.

Le scénario de Reiner rappelle Double indemnisation, Hors du passé et d’autres classiques du genre où un semi-bon gars croise la route d’une femme fatale et plein de mauvaises choses s’ensuivent. Mais le réalisateur ne suit pas complètement cette formule, se concentrant sur quelques escrocs qui ont déjà dépassé leur apogée et recherchent juste un peu de paix et de tranquillité. C’est particulièrement le cas de Don, un homme brisé, séparé de sa propre famille et laissé avec rien d’autre qu’une petite cabane (située au bord du lac titulaire du film) où il espère s’installer et être oublié.

Whigham a eu des seconds rôles mémorables dans tout, depuis Jeff Nichols Mettre à l’abri à HBO Boardwalk Empire, donc c’est agréable de le voir jouer le rôle principal pour changer. Il prononce à peine un mot tout au long Lac George, pourtant, il canalise de manière convaincante un homme qui n’a plus grand-chose à vivre, se promenant stupéfait et choqué par tous les mauvais virages qu’il a pris dans sa vie. Coon semble s’amuser énormément en tant que séductrice blonde décolorée qui emmène initialement Don pour un grand tour, jusqu’à ce qu’elle commence à réaliser qu’il mérite peut-être mieux.

Lac George se déroule en douceur, bien qu’un peu lentement, ainsi qu’un road movie à deux mains marqué par quelques décors forts – notamment celui qui se déroule à l’intérieur de la cachette d’Armen et implique un coffre-fort caché rempli de lingots d’or, un meurtre horrible et pas un mais plusieurs doigts amputés.

Reiner, dont les crédits incluent des émissions de télévision telles que Haute fidélité, Éhonté et Fargo, n’a pas peur du gore et, comme les frères Coen, il le mélange avec une marque d’humour pince-sans-rire qui souligne une partie de la violence. Une autre scène remarquable montre Don et Phyllis essayant de cambrioler une deuxième cachette, pour ensuite se retrouver témoins d’une scène de sexe atroce qui ne cesse d’être interrompue par un chien qui jappe.

En fin de compte, toutes leurs manigances se résument au vol d’environ 200 000 $, ce qui montre à quel point les enjeux sont minimes. Mais c’est aussi ce qui fait Lac George assez attachant, malgré sa familiarité générale et son ambiance des années 90 (pensez Vrai romance mais avec une paire de voleurs fatigués, vieux et assez incompétents). Avec peu à gagner et rien à perdre, le meilleur que Don et Phyllis puissent finalement avoir, c’est l’un l’autre.

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