Dans un monde crasseux et gênant qui ressemble douloureusement au nôtre, Ben Gottlieb (Jason Schwartzman) ne s’en sort pas très bien. Sa femme est décédée et il vit chez ses deux mères autoritaires dans le nord de l’État de New York, isolé de l’énergie de la ville. Il est chantre au temple local, mais il ne sait plus chanter. Bien qu’il reste casher et reste pieux, Ben a du mal à ressentir le même lien avec sa foi qu’il avait autrefois. Ben ne se connecte vraiment à rien ces jours-ci, pas même à son propre corps. Il est schlubby, mal rasé avec des imperfections sur le visage, traversant la vie dans un état dépressif. C’est comme s’il avait complètement abandonné. Dans une première scène, il s’allonge au milieu de la route, faisant signe à un camion de l’écraser.

Puis il rencontre par hasard son professeur de musique d’enfance, Carla Kessler (Carol Kane), dans un bar et sa présence est comme un choc pour le système. Elle est honnête, dit ce qu’elle pense et a une soif de vivre qui rivalise avec les femmes de la moitié de son âge. Bientôt, elle devient l’improbable élève et amie de Ben, et Ben devient déterminé à passer autant de temps que possible à lui enseigner.

Entre les Temples

L’essentiel

Une romance douce et surprenante.

Lieu: Sundance Film Festival (compétition dramatique américaine)
Casting: Jason Schwartzman, Carol Kane, Dolly de Leon, Caroline Aaron, Robert Smigel, Madeline Weinstein, Matthew Shear
Réalisateur/Co-scénariste : Nathan Silver
Co-scénariste : C. Mason Wells

1 heure 51 minutes

Mais il ne s’agit pas seulement de donner à Carla la bat-mitsva qu’elle a toujours voulue : Ben est amoureux d’elle. Ensemble, ils forment un couple étrange avec une connexion qui déroute tout le monde autour d’eux. Mais c’est ce qui le rend beau : c’est rafraîchissant et inattendu. Carla met Ben au défi d’être présent, lui apprenant à être un auditeur plus actif. Et Ben enseigne à Carla tout sur le judaïsme, ravivant lentement sa foi.

Les choses se compliquent lorsque le rabbin (Robert Smigel) présente Ben à sa fille, Gabby (Madeline Weinstein), dans l’espoir d’une relation amoureuse. Sa mère, agent immobilier, Judith (Dolly De Leon), encourage l’installation, l’invitant et faisant pression sur Ben pour qu’il passe du temps avec elle. Son autre mère, Meira (Caroline Aaron), n’applique pas autant de pression, mais elle veut clairement que Ben donne une autre chance à l’amour. Et quoi de mieux que la fille du rabbin ? Elle est jolie et jeune – elle ressemble à sa défunte épouse, Ruth – mais ce n’est plus ce que Ben veut. Ruth était une romancière sexy et confiante, dotée d’un esprit érotique et d’un problème d’alcool. Il n’en parle qu’en passant, comme si leur amour était mort avec elle. Ce qui reste est un homme enfantin, espérant un amour différent – ​​peut-être plus doux – avec Carla.

Mais elle est assez vieille pour être sa mère, et elle a déjà un fils (Matthew Shear), qui n’approuve pas leur relation tendre mais chaste. Et il n’est pas le seul à trouver leur lien étrange. Leur relation fait écho à celle de Hal Ashby. Harold et Maude, avec Kane entrant sans effort dans le rôle de Ruth Gordon. C’est agréable de revoir Kane au premier plan sur grand écran, faisant preuve de ses légendaires talents de comédien. Il y a une certaine énergie éthérée dans sa présence – elle est charmante, déroutante et hilarante avec une voix unique.

Entre les Temples pourrait être lu comme un compagnon thématique de Beau a peur, examinant la relation entre les mères juives et leurs fils ainsi que le dégoût de soi masculin qui a été la pierre angulaire de la comédie et du cinéma juifs. Ben a tout aussi peur que Beau – peur de décevoir sa mère, peur de ne pas être un juif assez bon et, surtout, peur que l’amour et le bonheur ne soient pas une véritable option pour lui. Carla est sa bouée de sauvetage : en partie figure maternelle, en partie amante et étudiante attentive. Dans un monde émotionnellement chaotique, les deux s’ancrent mutuellement.

Schwartzman a déjà été un leader, mais jamais vraiment comme ça. Ici, il ressemble à un Steve Carell juif, se jetant pleinement dans la comédie, sans grâce sociale. Ben est un homme maladroit qui ne peut s’empêcher d’être le centre de l’attention, incapable de masquer aucune de ses émotions. On est loin des personnages plus soignés, d’une beauté irritable et artistique de Schwartzman dans les films de Wes Anderson. Dans une scène mémorable, Ben regarde une vidéo de sa propre bar-mitsva et hallucine une interaction avec son jeune moi. La belle bizarrerie de cette scène transforme le film et sa performance en quelque chose de profondément et magnifiquement étrange.

Entre les Temples a le réalisateur Nathan Silver (Rue de la soif) dans un mode différent. Conservant son sens de l’humour acide, il a écrit un scénario étonnamment optimiste. C’est un monde où l’embarras attend à chaque coin de rue et où tout le monde se parle. Mais dans les scènes avec Schwartzman et Kane, il y a une douceur qui semble nouvelle. Contrairement à son film précédent, Le paradis puant, Entre les Temples est une histoire qui croit en une utopie, même s’il ne s’agit que de deux personnes profitant de la compagnie de l’autre. L’endroit où l’histoire atterrit est étonnamment poignant, renforçant la foi de Ben et Carla dans le judaïsme et l’un dans l’autre.

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