Un jeune Biélorusse tente de faire le dangereux voyage à travers l’UE pour s’enrôler dans la Légion étrangère française tandis qu’un jeune chef rebelle au Niger et sa sœur tentent d’aider leur peuple à survivre aux ravages du post-colonialisme dans un concurrent extrêmement inégal de la Berlinale Disco Garçon.

Un rôle principal engagé et intensément physique de l’acteur allemand Franz Rogowski (vu récemment dans Ira Sachs’ passages), une cinématographie lumineuse avec l’aimable autorisation de l’as DP Helene Louvart, et la musique électronique émouvante du compositeur Vitalic s’unissent pour en faire une expérience cinématographique sensuelle et saisissante. Mais, oui, ce scénario du réalisateur-scénariste Giacomo Abbruzzese est un gâchis – un mélange grumeleux d’éléments surnaturels idiots et de prétention d’art et d’essai indigeste, le tout garni d’un vol pur et simple du long métrage infiniment supérieur de la Légion étrangère française de 1999 de Claire Denis. Beau Travail. Mais par tous les moyens, autant voler les meilleurs.

Disco Garçon

L’essentiel

Claire Denis a appelé : Elle veut retrouver son climax de danse.

Lieu: Festival du film de Berlin (Compétition)
Jeter: Franz Rogowski, Morr Ndiaye, Laëtitia Ky, Léon Lucev, Matteo Olivetti, Robert Wieckiewicz, Michal Balicki
Réalisateur/scénariste : Giacomo Abbruzzese

1 heure 31 minutes

Aleksei de Rogowski est rencontré pour la première fois en Pologne depuis la Biélorussie sous prétexte d’aller à un match de football avec son ami Mikhail (Michel Balicki), tous deux pleins d’enthousiasme et d’audace. Mais en essayant de franchir illégalement la frontière, marquée par une rivière, vers l’Allemagne, les choses tournent mal et seul Aleksei arrive en France. À en juger par ses 1 000 mètres de regard au loin, il ne sera plus jamais le même – mais s’il réussit l’entraînement pour la Légion et survit cinq ans avec les forces, sa récompense sera un passeport français, sans poser de questions.

Une bonne partie du temps est ensuite consacrée à des montages d’entraînement quelque peu passe-partout alors que nous regardons Aleksei et ses camarades se couvrir de boue et pousser leur corps au bord de l’endurance pendant qu’un sergent leur crie dessus. Tout aurait tout aussi bien pu être coupé et collé à partir d’innombrables autres films sur les soldats au bootcamp, sauf que la musique de danse électronique de Vitalic rend le tout un peu plus 21St-siècle.

Pendant ce temps, dans le delta du Niger, le rebelle charismatique Jomo (le nouveau venu Morr Ndiaye, originaire de Gambie à l’origine) commande une unité qui résiste à la saisie forcée des terres par les entreprises pétrochimiques, bien que la nature exacte du conflit ne soit pas très bien expliquée. Bien. Une séquence d’ouverture qui se déroule sur une pièce pleine de corps endormis suggère qu’une partie de l’action peut se dérouler dans un monde de rêve. C’est difficile à dire, et on a l’impression qu’Abbruzzese, qui fait ses débuts dans ce long métrage après plusieurs courts métrages, est heureux de laisser les choses entourées de mystère.

En tout cas, l’œil unique doré de Jomo rime avec celui de sa sœur Udoka (artiste Laëtitia Ky), et les deux frères et sœurs partagent un lien quasi psychique. Cela explique peut-être comment, dans la seconde moitié du film, Udoka et Aleksei se retrouvent dans une boîte de nuit parisienne après que lui et Jomo aient eu une confrontation brutale dans une autre rivière.

Il y a certainement quelque chose d’évocateur dans la façon dont Abbruzzese filme les fleuves de Pologne, du Niger et de Paris, des lieux marécageux où les eaux de l’histoire lient dans leur tourbillon des personnages comme celui-ci. Il y a clairement un profond puits de sympathie pour ces personnes traumatisées, d’Europe de l’Est et d’Afrique, qui se retrouvent échouées dans des camps opposés dans des conflits qui ne profitent finalement qu’aux riches. Mais ils ressemblent tous plus à des emblèmes qu’à des personnages, même Aleksei.

Au moins Rogowski et Ky sont des danseurs suffisamment expressifs pour ajouter un peu de lest émotionnel grâce à leur utilisation du mouvement, mais ce n’est pas vraiment suffisant pour fonder le film pour les téléspectateurs qui s’attendent à quelque chose de plus charnu. Au moins, la cinématographie brillante et saturée de Louvart est toujours éblouissante, même si elle ressemble un peu à un film de mode avec des éléments documentaires.

Crédits complets

Lieu : Festival du film de Berlin (compétition)
Avec : Franz Rogowski, Morr Ndiaye, Laëtitia Ky, Leon Lucev, Matteo Olivetti, Robert Wieckiewicz, Michal Balicki
Sociétés de production : Films Grand Huit, Dugong Films, Panache Productions, Donten & Lacroix, Division
Réalisateur/scénariste : Giacomo Abbruzzese
Producteurs : Lionel Massol, Pauline Seigland
Coproducteurs : Giulia Achilli, Marco Alessi, André Logie, Gaëtan David, Maria Blicharska, Arno Moria
Directrice de la photographie : Hélène Louvart
Chef décorateur : Ester Mysius
Costumière : Pauline Jacquard, Marina Monge
Monteurs : Fabrizio Federico, Ariane Boukerche, Giacomo Abbruzzese
Musique : Vitalic
Ventes : charades

1 heure 31 minutes

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