Bien qu’il soit principalement connu comme réalisateur de thrillers et de films d’horreur, le réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa n’a jamais réalisé de films de genre classiques. Il y a toujours une touche d’originalité, esthétique ou autre, dans la façon dont il aborde ses sujets, qu’il s’agisse d’un détective traquant un tueur en série tordu dans sa percée internationale, Guérirles vrais fantômes qui hantent les internautes Impulsionou la saga familiale déchirante de Sonate de Tokyoqui a révélé à quel point Kurosawa pouvait réaliser un drame simple.

Ses scénarios peuvent être étranges, macabres et exagérés, mais il les tourne comme des films d’art sérieux, ce qui explique pourquoi il est devenu un habitué du circuit des festivals depuis la fin des années 90. Son dernier long métrage, Nuagene fait pas exception, mélangeant les tropes de l’action et du thriller avec une satire sur les dangers de la vente en ligne, et peut-être du capitalisme en général. Réalisé avec brio mais pas vraiment captivant, il pourrait être plus populaire au Japon qu’ailleurs, tandis que les fans de Kurosawa voudront l’ajouter à leur liste de films à regarder.

Nuage

L’essentiel

Vendeur, attention.

Lieu: Festival du Film de Venise (Hors Compétition)
Casting: Masaki Suda, Kotone Furukawa, Daiken Okudaira, Amane Okayama, Yoshiyoshi Arakawa, Masataka Kubota
Réalisateur-scénariste : Kiyoshi Kurosawa

2 heures 4 minutes

Au début, Ryosuke Yoshii (l’excellent Masaki Suda) n’est qu’un type ordinaire qui essaie de gagner un peu d’argent en plus de son travail quotidien monotone dans une usine de vêtements. Il achète en gros des produits apparemment non désirés – comme une « machine de thérapie », quelle qu’elle soit – et les revend sur un site Web de type eBay pour faire un bénéfice sur la marge.

C’est basique, non ? Mais c’est un film de Kiyoshi Kurosawa, où rien de ce qui semble ordinaire ne se passe comme ça, surtout quand il s’agit d’Internet. Très vite, Ryosuke, qui utilise le pseudonyme en ligne « Ratel » (qui signifie « blaireau » en japonais mais sonne aussi comme « commerce »), devient plus ambitieux, quitte son emploi d’ouvrier et investit dans un stock de faux sacs à main de luxe avec lesquels il espère faire une petite fortune.

Accompagné de sa petite amie, Akiko (Kotone Furukawa), qui passe beaucoup de temps à se morfondre mais qui est en fait une femme fatale sournoise, Ryosuke déménage dans une maison de campagne au bord d’un lac qui lui donne plus d’espace pour stocker ses marchandises – ainsi que la possibilité d’embaucher un jeune assistant, Sano (Daiken Okudaira), qui l’aide à développer davantage son entreprise.

Mais les choses tournent vite mal, et ce qui a commencé comme un film de vendeur assez sobre se transforme en une fable pleine d’action sur les dangers de devenir trop gourmand. Les nombreux ennemis de Ryosuke, dont son ancien patron de l’usine, un ancien ami de lycée et revendeur rival, et une poignée d’acheteurs en ligne mécontents, décident de s’associer et de se venger de son entreprise semi-réussie. Des fusils de chasse et des pistolets sont tirés, des gens sont kidnappés et menacés de torture, le sympathique et volontaire Sano se révèle travailler pour les yakuzas et une toute nouvelle machine à expresso devient folle.

Est-ce que tout cela est crédible ? Pas vraiment. Est-ce que certaines choses sont carrément ridicules ? Absolument. Mais le film est globalement agréable à regarder, même si le film déraille tellement qu’il y a moins de suspense que dans les œuvres les plus fortes du réalisateur. Kurosawa applique néanmoins son expertise habituelle aux séquences d’action, mettant en scène une finale longue et sanglante dans une aciérie abandonnée avec beaucoup de verve, et mettant en valeur sa touche réaliste caractéristique dans des scènes de violence et de sang léger.

Comme beaucoup de films de Kurosawa, Nuage Le film se situe finalement quelque part entre le réalisme et la fantasy, passant du premier au second après la première heure, et il faut prendre ce qui arrive à Ryosuke avec des pincettes. Que le spectateur veuille ou non se lancer dans une aventure aussi folle est une autre question.

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