Le cadre de Bonjour Tristesse Le film est si séduisant – une ville méditerranéenne du sud de la France, où une grande villa donne sur la mer – qu’il vous entraîne instantanément dans cette adaptation du roman classique de Françoise Sagan. Le premier film de la scénariste-réalisatrice Durga Chew-Bose, son histoire de désir adolescent, de jalousie et d’éveil sexuel, mise à jour ici au présent, est toujours magnifique à regarder – du carrelage aux couleurs vives à l’eau scintillante. Mais une fois à l’intérieur, sa trajectoire émotionnelle est curieusement plate, même si le casting comprend deux acteurs habituellement dynamiques, Claes Bang et Chloë Sevigny.

L’intrigue est essentiellement la même que celle qui avait fait sensation à la parution du livre de Sagan en 1954. L’auteur n’avait que 18 ans, l’âge du personnage central du film, Cécile (Lily McInerny), dont nous partageons largement le point de vue. Elle est en vacances avec son père, Raymond (Bang), et sa dernière petite amie, Elsa (Nailia Harzoune), qui, comme les autres, sera bientôt remplacée. Sevigny incarne une vieille amie de la famille, la styliste de mode élégante mais correcte, Anne, qui vient les rejoindre. Quand Anne et Raymond se fiancent brusquement, Cécile complote pour les séparer et garder sa vie telle qu’elle est.

Bonjour Tristesse

L’essentiel

Joli à regarder mais émotionnellement creux.

Lieu: Festival international du film de Toronto (Découverte)
Casting: Lily McInerny, Claes Bang, Chloë Sévigny, Nailia Harzoune, Aliocha Schneider
Réalisateur-scénariste : Durga Chew-Bose

1 heure 50 minutes

La mère de Cécile est décédée des années auparavant et elle et Raymond sont particulièrement proches, même si ce n’est pas suspect. Chew-Bose fait un choix judicieux en commençant le film avec Cécile et son nouvel amour, un voisin du même âge que lui, Cyril (Aliocha Schneider). Quels que soient les problèmes de Cécile avec son père, elle n’est pas simplement obsédée par son père ; une nuit, elle surprend Cyril en se faufilant discrètement dans son lit.

Mais elle a été une observatrice avertie de la façon dont Raymond se comporte envers les femmes. Le problème de la nouvelle version est que la liberté sexuelle qui semblait choquante il y a sept décennies ne l’est plus, ni pour le père ni pour la fille. Le comportement le plus extravagant ici est que tout le monde fume et que les adultes allument même les cigarettes de Cécile pour elle. Le scénario de Chew-Bose n’explore pas les personnages suffisamment en profondeur pour remplacer la qualité stupéfiante du livre par une profondeur psychologique.

La cinématographie de Maximilian Pittner est étincelante tout au long du film, et Bonjour Tristesse se déroule avec fluidité. Mais les performances semblent rigides, et pas d’une manière intentionnellement stylisée. Nous savons que Bang (La place et Apple TV+ Mauvaises soeurs) peut être séduisant et charmant même lorsqu’il joue un méchant. Raymond devrait être un goujat intrigant, mais il est étrangement sans vie. McInerny (Hulu’s Dis-moi des mensonges et Palmiers et lignes électriques) rend la jalousie et la confusion de Cécile viscérales, mais le scénario ne lui donne pas beaucoup plus à faire que de se prélasser au soleil et de faire semblant d’essayer de rompre les fiançailles en enrôlant Elsa pour éloigner Raymond d’Anne.

Sevigny est bien meilleure dans son rôle, en partie parce qu’Anne est déjà très tendue. Elle porte ses cheveux relevés en chignon sévère, a une allure guindée et essaie de faire réviser Cécile pour ses examens d’entrée à l’université. L’actrice a une scène étonnante où la caméra, proche de son visage, capture un regard de pure douleur qui ouvre les yeux alors qu’elle reconnaît à quel point Raymond peut être infidèle. Mais trop souvent, ces personnages ne font qu’exprimer leurs sentiments.

Crew-Bose a écrit sur le cinéma et publié un recueil d’essais, Trop et pas d’humeur (2017). Son scénario est suffisamment réfléchi pour tenter de mettre en valeur la motivation derrière la décision improbable de Raymond et Anne. Elle et la défunte épouse de Raymond étaient des amies proches, et il est suggéré qu’Anne et Raymond ont peut-être plus d’histoire que quiconque ne le sait. Mais tout cela passe à toute vitesse. Il est vrai que de son point de vue limité, Cécile ne peut pas comprendre ce qui se passe mieux que nous. Mais cela ne compense pas la superficialité globale du film.

L’intrigue de Cécile mène aux conséquences tragiques qui mettent fin au livre et l’introduisent dans une véritable tristesse. Crew-Bose fait le choix audacieux d’étendre l’histoire au-delà du roman et cela lui donne l’un des meilleurs épisodes du film, effrayant dans sa révélation des retombées émotionnelles des actions de Cécile. Plus d’audace de ce genre aurait pu faire Bonjour Tristesse quelque chose au-delà d’une simple jolie image.

Crédits complets

Lieu : Festival international du film de Toronto (section Découverte)
Sociétés de production : Babe Nation Films, Elevation Pictures, Barry Films
Avec : Lily McInerny, Claes Bang, Chloë Sévigny, Nailia Harzoune, Aliocha Schneider
Réalisateur-scénariste : Durga Chew-Bose
Producteurs : Katie Bird Nolan, Lindsay Tapscott, Christina Piovesan, Noah Segal, Julie Viez, Joe Iacono, Durga Chew-Bose, Benito Mueller, Wolfgang Mueller
Producteurs exécutifs : Denis Westhoff, Suzanne Court, Fabien Westerhoff, Emily Kulasa, Jesse Weening, Omar Chalabi
Directeur de la photographie : Maximilian Pittner
Décorateur : François-Renaud Labarthe
Costumière : Miyako Bellizzi
Rédactrice en chef : Amélie Labreche
Musique : Lesley Barber
Casting : Alice Searby
Ventes : Film Constellation, UTA

1 heure 50 minutes

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