Dans Nocturnesun nouveau documentaire d’Anirban Dutta et Anupama Srinivasan, les papillons de nuit se révèlent être les créatures les plus poétiques de cette planète. Leur beauté vient principalement de leurs routines, mais ils possèdent aussi un charme esthétique. Ils arborent des couleurs éclatantes et des ailes à motifs qui rivalisent avec leurs cousins ​​plus populaires. Ils suivent la lune, guidés à la fois par ses phases et par sa lumière. La nuit, la lueur argentée illumine leurs chemins alors qu’ils voltigent de fleur en fleur à la recherche de nectar.

Le film délicat (qui a remporté le prix spécial du jury du World Cinema Documentary for Craft lors de sa première à Sundance) emmène les spectateurs au cœur des forêts de l’Himalaya oriental, un environnement luxuriant de l’État indien d’Arunachal Pradesh qui regorge d’une vie écologique vibrante. Le chant des oiseaux, les cris des éléphants et les grognements des grands prédateurs deviennent une bande sonore pour les chercheurs qui travaillent dur sur leur projet.

Nocturnes

L’essentiel

Un portrait fascinant d’une créature incomprise.

Date de sortie : Vendredi 18 octobre
Directeurs: Anirban Dutta, Anupama Srinivasan

1 heure 23 minutes

Là-bas, l’écologiste quantitatif Manis mène une mission ambitieuse visant à cataloguer tous les types de papillons nocturnes de l’Himalaya. Ces insectes, dit-elle à son co-conspirateur Bicki, un jeune homme de la communauté indigène Bugun, peuvent aider les gens à mieux comprendre l’impact du changement climatique. Les papillons de nuit sont non seulement incroyablement diversifiés (il existerait quelque 160 000 espèces dans le monde, contre 17 500 pour les papillons), mais ils ont également survécu à toutes les époques de la planète. Leur endurance est à la fois un hymne à leur esprit et une source de leçons prémonitoires.

Toutefois, avant de pouvoir glaner des informations, des données doivent être collectées. Nocturnes est autant un film de processus qu’une expérience sensorielle. Le documentaire s’ouvre avec Manis et Bicki installant des écrans lumineux qui attirent des centaines de papillons chaque nuit, travaillant rapidement et silencieusement. Ils s’enveloppent dans le paysage sonore nocturne de la forêt, et le bruit de leurs bottes traînant dans l’herbe se mélange aux criquets pleurnichards, aux hiboux hurlants et au bruissement des animaux qui s’abritent dans les buissons.

Lorsque les papillons commencent à envahir la feuille sur laquelle Manis a dessiné des mini-grilles, les chercheurs commencent à les photographier avec un appareil photo numérique. Le directeur de la photographie Satya Nagpaul utilise des plans rapprochés pour créer des scènes magnifiquement composées qui trouvent la beauté de ces créatures incomprises. Un sphinx à tête de mort porte un motif ressemblant à un crâne. D’autres déploient leurs ailes pour révéler des cercles qui ressemblent à des yeux. Certains sont d’un jaune éclatant, d’autres d’un gris sourd. Ces moments sont parmi les meilleurs de Nocturnes car dans leurs détails, Dutta et Srinivasan transmettent une compréhension intime de cet habitat.

Au début NocturnesManis explique qu’ils doivent prendre chaque image précisément car plus tard, ils les utiliseront pour mesurer avec précision les longueurs, la largeur et l’envergure de chaque insecte. Il n’y a pas de calendrier estimé pour ces travaux. Poussés par une admirable détermination, elle et son équipe envisagent de révéler les schémas migratoires de ces créatures séduisantes en comparant leurs tailles, leurs formes et leurs populations à différentes altitudes. Les papillons de nuit himalayens, friands de températures plus fraîches, gravissent-ils les montagnes alors que les températures en dessous augmentent régulièrement ? Quelles sont les implications de ce mouvement, puisque les papillons soutiennent l’écosystème local ?

Ce ne sont là que quelques-unes des questions qu’ils posent à travers leurs expériences. Dutta et Srinivasan n’ont pas l’intention de fournir des réponses dans leur reportage de 83 minutes, ce qui pourrait frustrer ceux qui recherchent des conclusions définitives. Il y a des moments instructifs dans lesquels Manis explique les habitudes des animaux, discute de ses recherches avec des collègues et présente les premiers résultats de son étude, mais ils ont une qualité tendue qui semble en discordance avec la posture détendue du reste du film.

Bien que Nocturnes s’intéresse au rythme lent et au dévouement soutenu requis par le travail de Mani et Bicki, sa force vient principalement de la façon dont il capture la texture de la forêt. La conception sonore de Shreyank Nanjappa est absolument bouleversante car elle amplifie la musique cacophonique de la nature. Les aperçus de papillons de nuit atterrissant sur les nappes lumineuses sont tout aussi saisissants que les prises de vue de l’environnement. Les images inoubliables incluent le brouillard rampant sur l’écran, enveloppant les arbres et l’observation d’autres bêtes, comme des éléphants.

C’est en transportant le spectateur au cœur de cette jungle, là où les papillons calibrent l’écosystème, que Nocturnes c’est surtout son argument le plus convaincant en faveur de la protection de ces créatures exquises et de notre planète.

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