Au cas où vous n’auriez pas conscience des méfaits des médias sociaux, ou si vous aviez besoin d’une autre raison pour mépriser Elon Musk, cela vaut la peine d’y jeter un œil. Piratage de haineune étude révélatrice sur le pouvoir que les influenceurs d’extrême droite exercent à la fois en ligne et dans le monde réel.

Réalisé par Simon Klose (TPB AFK : The Pirate Bay loin du clavier) et mettant en vedette le journaliste d’investigation suédois My Wingren, le film entraîne le spectateur dans un terrier de lapin où des YouTubers musclés, des fanatiques racistes et des DJ devenus agitateurs russes polluent Internet à la recherche de pillage personnel et politique. C’est un monde laid dans lequel entrer, et que la courageuse Wingren n’hésite jamais, se mettant en danger alors qu’elle tente d’aller au fond d’une longue et insaisissable piste numérique.

Piratage de haine

L’essentiel

Habile et dérangeant.

Lieu: Festival du film de Tribeca (compétition documentaire)
Directeur:
Simon Klose

1 heure 27 minutes

Tout commence lorsque Wingren, dont les exploits journalistiques et les capacités de piratage informatique lui ont valu le surnom de « la fille au tatouage de dragon » en Suède, commence à enquêter sur un YouTuber local avec un public important qui s’appelle Golden One. Ses vidéos de motivation, dans lesquelles il pompe du fer, boit des boissons protéinées, cite Joseph Goebbels et s’habille occasionnellement avec des tenues qui lui donnent l’impression d’auditionner pour le prochain film He-Man, sont à la fois dérangeantes et, honnêtement, assez boiteuses.

Mais le journal découvre que Golden One compte des adeptes encore plus inquiétants, notamment des groupes extrémistes nordiques liés à un lycéen qui s’est livré à une série d’attaques au couteau en 2022. Tout l’intérêt des efforts de Wingren, qui l’obligent à assumer diverses fausses identités alors qu’elle infiltre les réseaux d’extrême droite, est de révéler les liens entre les activités en ligne et la violence qui se produit dans le monde réel. La haine sur les réseaux sociaux alimente le feu des crimes haineux commis par des hommes (ce sont toujours des hommes) qui sont soignés sur les réseaux sociaux, dans un cycle qui s’aggrave à chaque nouveau hit et like.

C’est précisément le point soulevé lors d’un entretien avec Anika Collier Navaroli, une avocate basée aux États-Unis qui faisait partie de l’équipe de politique de sécurité de Twitter et qui a tenté de tirer la sonnette d’alarme sur les instigateurs en ligne, y compris l’ancien président Donald Trump, dont les tweets pourraient avoir des conséquences dangereuses. . Hélas, Twitter n’a pas tenu compte de ses avertissements, et le résultat a été les attentats du Capitole le 6 janvier.

Comme Piratage de haine poursuit en démontrant que des entreprises milliardaires comme YouTube (propriété de Google) et Twitter (maintenant propriété de Musk et rebaptisée X), ne sont guère intéressées à contrôler les utilisateurs qui les aident à générer leurs profits. Et la réalité est que le discours de haine d’extrême droite est un business lucratif, attirant des gens qui passent beaucoup de temps sur leur téléphone ou devant leur ordinateur, crachant du racisme pour donner un but à leur propre vie.

Tout cela est illustré par la trajectoire étrange et quelque peu déroutante d’un homme nommé Vincent, que Wingren découvre en enquêtant sur Golden Boy puis traque à travers la Scandinavie, où il surgit à un moment donné dans une maison en Norvège et se révèle être l’un des les pires voisins de l’histoire. Cela ne vaut pas la peine de spoiler où les choses vont à partir de là, mais disons simplement que les tactiques de détective intelligentes et la persévérance obstinée de Wingren parviennent à révéler une histoire plutôt surprenante à Vincent, nous emmenant des DJ sets jamaïcains de la côte ouest à Moscou et au célèbre groupe de mercenaires Wagner. .

Travaillant sans grand chose en termes de visuels mais avec des têtes et des écrans parlants, Klose parvient à rendre son film à la fois plein de suspense et informatif. Il utilise de manière convaincante l’histoire de Wingrend, qu’elle publie finalement dans le magazine antiraciste suédois. Expositionfondé par Tatouage De Dragon l’auteur Stieg Larsson – comme fil narratif pour relier ensemble des éléments qui semblent disparates en surface mais, grâce ou non grâce aux médias sociaux, sont tous connectés.

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