Près de 300 professionnels du cinéma de toute l’Europe et du monde ont apporté leur soutien à un groupe appelant à la grève pour perturber le prochain festival de Cannes.

Ils ont signé une pétition soutenant les revendications d’un collectif représentant les intérêts des travailleurs des festivals de cinéma français qui affirment que les modifications apportées à la législation du travail ont placé les travailleurs indépendants de Cannes et d’autres festivals dans une position « précaire », menaçant leurs moyens de subsistance.

L’acteur français Louis Garrell, qui joue dans le film de Quentin Dupieux Le deuxième actefilm d’ouverture de cette année à Cannes, le réalisateur portugais Miguel Gomes, dont le dernier long métrage, grande tournéesera présenté en première en compétition à Cannes cette année, l’actrice/réalisatrice Ariane Labed, dont le premier film, Septembre ditsera présenté en avant-première dans la section Un Certain Regard du festival, et le Japonais Koji Yamamaura, dont le nouveau court métrage Extrêmement court a été retenu pour la Quinzaine des Réalisateurs cette année, font partie des signataires de la pétition du collectif Sous les écrans la dèche.

Le collectif représente les travailleurs du festival, ainsi que les sections latérales de la Quinzaine des Réalisateurs, de la Semaine de la Critique et de l’ACID. Ils ont appelé à une grève générale de « tous les employés du Festival de Cannes et de ses annexes » pour protester contre les réformes de la législation du travail française qui, selon eux, pourraient les priver du chômage et d’autres allocations. Parmi les autres signataires figurent Garçon d’enfer le réalisateur Neil Marshall, le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako (Tombouctou), et le réalisateur et producteur américain John Landis (Les frères Blues, Venant en Amérique).

La pétition appelle le festival de Cannes à utiliser « son levier politique » pour contribuer à répondre à la demande du groupe visant à ce que les travailleurs indépendants bénéficient d’une couverture adéquate, comme celle accordée aux autres intermittents du secteur culturel français.

Le 7 mai, le festival de Cannes a publié un communiqué officiel, se déclarant « conscient des difficultés rencontrées par certains de ses collaborateurs » et se disant prêt à établir un « dialogue » avec les salariés avec d’autres festivals et institutions culturelles français. et les syndicats « de se réunir autour de la table de négociation » et de trouver une solution « collective ».

Sous les écrans la dèche tire depuis longtemps la sonnette d’alarme sur la précarité du travail dans les festivals de cinéma et sa dépendance à l’égard d’employés indépendants à court terme. Contrairement aux autres travailleurs intermédiaires de l’industrie française du divertissement, de nombreux travailleurs des festivals ne sont pas couverts par le programme d’assurance chômage français, ce qui signifie qu’ils n’ont pas droit aux allocations de chômage entre deux emplois ou projets. La dernière série de réformes des avantages sociaux, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet, renforcera encore les règles, rendant plus difficile l’obtention d’une aide pour les employés des festivals.

« Ces réformes plongent les festivaliers dans une telle précarité que la majorité d’entre nous devront abandonner leur emploi, mettant ainsi en péril les événements auxquels nous participons », a déclaré le groupe dans un communiqué.

Vous pouvez lire la pétition complète ci-dessous ou cliquer ici pour la signer.

TRIBUNE DE SOUTIEN AUX TRAVAILLEURS PRÉCAIRES DES FESTIVALS DE FILM

Nous, réalisateurs, acteurs, producteurs, distributeurs, exploitants, techniciens, professionnels du cinéma, nous joignons au combat mené par les festivaliers précaires pour que leurs contrats puissent être affiliés au statut intermittent des ouvriers du spectacle, avec effet rétroactif à 18 mois, et que leur profession relève enfin d’une convention collective adaptée.

Les festivals de cinéma, quelle que soit leur taille ou leur impact médiatique, sont un élément essentiel de la vie et de la circulation de nos films. En France, plus de 150 festivals de cinéma sont organisés dans tout le pays, permettant à des milliers de spectateurs de découvrir des œuvres contemporaines ou des filmographies oubliées, et de rencontrer des professionnels du monde entier. Ils sont devenus au fil des années des maillons essentiels de la chaîne de médiation culturelle, menant des actions tout au long de l’année, créant un pont entre nos films et le public, les écoles et les associations.

Pourtant, la dernière réforme de l’assurance chômage, suivie d’une prochaine offensive du gouvernement votée par décret applicable en juillet prochain, plonge les festivaliers dans une telle précarité que la majorité d’entre eux devront renoncer à leur emploi, mettant ainsi en danger les événements. ils participent à l’organisation. Nous ne pouvons nous résoudre à les voir disparaître.

Le Festival de Cannes, qui rassemble l’ensemble de l’industrie, ne peut rester sourd à leurs revendications et, par son levier politique, doit les aider à faire aboutir ces revendications.

A lire également