Un drame d’investigation sombre et serpentin qui rappelle des films comme Zodiaque et Souvenirs de meurtrebien qu’à une échelle plus intime, le scénariste-réalisateur Dominik Moll La Nuit du 12e(La Nuit du 12) suit deux détectives français endurcis essayant de résoudre un meurtre horrible qui échappe constamment à leurs griffes.

Epaulé par le duo bien assorti de Bastien Bouillon et Bouli Lanners, incarnant une équipe bon flic-méchant flic dont la vie est bouleversée par une affaire qui se refroidit au fil des semaines et des mois, ce thriller tendu et perçant est l’un des plus forts de Moll. œuvres à ce jour, utilisant un modèle de genre pour se plonger dans les questions de violence, de genre et de maintien de l’ordre dans la France contemporaine. Il ouvre en salles à la maison après avoir fait ses débuts dans la section Cannes Première, où il pourrait attirer l’attention internationale.

La nuit du 12

L’essentiel

Un thriller tendu et réaliste.

Lieu: Festival de Cannes (Cannes Première)
Moulage: Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi, Johann Dionnet, Thibaut Evrard, Julien Frison, Paul Jeanson, Mouna Soulam, Pauline Serieys, Anouk Grinberg, Lula Cotton Frapier
Réalisateur: Dominique Moll
Scénaristes : Gilles Marchand, Dominik Moll

1 heure 54 minutes

D’après le livre documentaire de Pauline Guéna, 18.3 – Une année à la PJle film adapte une seule section d’un vaste regard immersif de 500 pages sur le police judiciaire, qui est l’équivalent français du bureau de détective d’un service de police. (Le livre de Guéna s’inspire en partie du livre de David Simon Homicide : une année dans les rues meurtrières.)

Moll et le co-auteur régulier Gilles Marchand ont décidé de se concentrer sur un seul cas dans 18.3, qui a suivi le meurtre d’une adolescente, Clara (Lula Cotton Frapier), dont le corps a été retrouvé brûlé à mort dans une banlieue par ailleurs tranquille. La véritable histoire s’est déroulée en dehors de Paris, mais Moll transplante l’action dans la périphérie de Grenoble au pied des Alpes françaises, ce qui donne à son film un cadre à la fois plus épique et isolé, encadrant les événements dans un décor monumental dépourvu de personnes.

Le film s’ouvre sur le meurtre de Clara, où elle est aspergée d’essence et incendiée par un agresseur inconnu alors qu’elle rentre chez elle tard dans la nuit après une fête. Le lendemain, le jeune et ambitieux Yohan (Bouillon), devenu détective principal du bureau, et son associé plus âgé et plus lésé, Marceau (Lanners), reprennent la piste d’une affaire qui les enverra sur une longue et longue quête labyrinthique pour trouver le coupable.

Alors qu’ils traquent et interrogent les suspects, tous des hommes allant de l’adolescence à la trentaine, et qui ont tous eu des relations intimes avec Clara, la recherche déborde sur un examen plus large de la violence masculine dans une société où les femmes sont à la fois victimes et victimes. , dans le cas de Clara, tenu responsable de leur comportement de promiscuité sexuelle.

L’intrigue oscille entre la chasse à l’homme et le monde du poste de police, qui est aussi un monde d’hommes, avec une seule femme détective, Nadia (Mouna Soualem), qui rejoint l’équipe en fin de partie. Moll passe du temps à explorer la camaraderie machiste des flics, mais déterre également leur vulnérabilité criarde – surtout en ce qui concerne Marceau, dont la femme le quitte au début du film.

Cela crée une bonne dose de tension entre le flic et les différents suspects qu’il interroge, qu’il a tendance à voir comme des substituts de l’amant de son ex-femme. Et cela l’amène aussi à se heurter à Yohan, qui est extrêmement d’acier et distancié. Les interprétations font écho à cette dichotomie, les Lanners habituellement impassibles s’envolant à plusieurs reprises, tandis que Bouillon rappelle les bouffonneries réservées et légèrement décalées de Jonathan Groff dans David Fincher. Chasseur d’esprit.

La série Netflix vient aussi à l’esprit dans les séquences les plus captivantes du film, qui ne sont pas des décors d’action mais plutôt de longues scènes d’interrogatoire où Yohan et Marceau tentent de faire avouer l’un de leurs nombreux suspects. Chaque fois qu’ils se heurtent à un mur, qu’il soit banal (une ado gâtée qui voit Clara comme une conquête de plus), amusant et dérangeant (un rappeur des projets qui, par jalousie, a enregistré une chanson sur le fait d’enflammer Clara) ou plus exploratoire et problématique (un homme plus âgé ayant des antécédents de violence domestique qui s’est livré à des actes sexuels agressifs avec la fille).

« Le problème, c’est que n’importe lequel d’entre eux aurait pu le faire », remarque à un moment Yohan, frustré par l’affaire, alors qu’il parle plus généralement d’un monde où les hommes sont souvent les auteurs et les femmes les cibles. Il devient obsédé par le meurtre de Clara, plus son mystère lui échappe – un sentiment que Moll illustre en demandant au flic de faire tourner son vélo en rond autour de la piste d’un vélodrome en plein air, comme un hamster courant sur une roue mais restant toujours en place.

La Nuit du 12e prend du retard alors que l’enquête se déroule sur plusieurs années, bien que la tension revienne nous hanter lorsqu’un juge (Anouk Grinberg) donne à Yohan le feu vert pour un dernier effort pour résoudre le crime. Le film se sent finalement plus petit et plus sobre que les œuvres de Fincher ou de Bong Joon-ho, mais de la même manière, il sonde l’effondrement social et moral que représente un meurtre odieux non résolu.

Comme les autres films de Moll, y compris ses débuts en petits groupes Avec un ami comme Harry… et son thriller récent bien accueilli Seuls les animauxle générique technique est impeccable, de l’objectif de Patrick Ghiringhelli à une partition d’Olivier Marguerit (Onoda : 10 000 nuits dans la jungle) qui maintient le niveau de suspense élevé. Aux côtés des deux protagonistes, le casting de soutien des flics et des coupables potentiels est un mélange de visages inconnus mais hautement crédibles, ancrant l’action dans une réalité graveleuse et inquiétante.

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