Passer de l’animation à l’action réelle n’est pas une tâche facile, et seul un groupe choisi de cinéastes – Tim Burton vient en premier à l’esprit – y est parvenu avec succès.

Le dernier réalisateur à avoir tenté ce saut est Jérémy Clapin, dont le premier film d’animation en 2019, J’ai perdu mon corpsétait un mélange impressionnant de film noir, de fantastique et d’angoisse du passage à l’âge adulte qui lui a valu deux César en France, ainsi qu’une nomination aux Oscars.

Pendant ce temps sur Terre

L’essentiel

Visuellement impressionnant, même s’il n’est pas entièrement ancré.

Lieu: Festival du film de Berlin (Panorama)
Casting: Megan Northam, Catherine Salée, Sam Louwyck, Roman Williams, Sofia Lesaffre
Réalisateur, scénariste : Jérémy Clapin

1 heure 28 minutes

Pour son deuxième effort, Pendant ce temps sur Terre (Pendant ce temps sur Terre), Clapin a abandonné ses crayons et son papier pour un appareil photo et un vrai casting. Mais bien que le médium soit différent, la méthode narrative est similaire, combinant les tropes du genre – en l’occurrence, la science-fiction – avec le drame psychologique dans l’histoire d’une jeune femme essayant de se remettre de la perte de son frère aîné, un astronaute disparu. dans l’espace.

Techniquement parlant, il s’agit d’un deuxième long métrage solidement réalisé, magnifiquement filmé par le directeur de la photographie belge Robrecht Heyvaert (Mauvais garçons pour la vie) et porté par une solide performance de la nouvelle venue Megan Northam (Salade grecque). Mais quelque chose fonctionne moins bien cette fois-ci : les éléments de genre ne sont pas toujours convaincants et l’impact émotionnel ne résonne pas de la même manière.

Il est peut-être plus difficile de faire croire aux spectateurs au fantasme lorsqu’il implique des acteurs humains et, si nécessaire, du maquillage et des effets visuels. Il existe en fait également une poignée de séquences animées, que Clapin restitue dans un style animé rétro des années 80, en utilisant le noir et blanc et un format TV en forme de boîte. Il est révélateur que ces scènes ajoutent un niveau d’intensité qui manque souvent au film, nous emportant au lieu de nous ancrer sur terre.

L’intrigue est centrée sur Elsa (Northam), une aspirante romancière graphique dont la vie a été bouleversée lorsque son frère Franck s’est perdu dans l’espace lors d’une mission internationale. Tout ce qui reste de lui est une statue honorifique qui se trouve à l’extérieur de la ville française boisée d’Elsa, où elle travaille quotidiennement dans la même maison de retraite que sa mère (Catherine Salée).

Elsa commence bientôt à entendre des voix émanant de l’au-delà, dont celle de Franck. Elle pleure toujours sa perte et imagine que tout est dans sa tête. Mais alors, une forme de vie extraterrestre invisible apparaît, lui fournissant ce qui ressemble à un écouteur extraterrestre – un objet visqueux et brillant qui ressemble à une crachat magique – afin qu’elle puisse recevoir des instructions qui pourraient l’aider, peut-être, à ramener son frère du monde. cosmos.

Clapin nous laisse deviner si Elsa invente tout à cause de son chagrin – cette fille aurait vraiment besoin d’un psy – ou si elle vit réellement une rencontre rapprochée du troisième type. Cette ambiguïté rend difficile de rester avec elle lorsqu’elle commence à attirer des gens de la ville, dont deux bûcherons et plusieurs patients de la maison de retraite, dans une forêt voisine afin qu’ils puissent être enlevés par des forces extraterrestres. L’intrigue semble trop alambiquée pour être crédible, et les efforts du film pour décrire la vie provinciale française ne vont jamais au-delà du superficiel.

Pendant ce temps sur Terre entre dans une catégorie connue sous le nom de « genre élevé », où les tropes des thrillers, des films de science-fiction et d’horreur sont insérés dans des histoires plus sérieuses au lieu des films de série B pour lesquels ils sont généralement utilisés. C’est une fausse étiquette, car tous les bons films de genre sont sérieux et ont quelque chose à dire, à commencer par le tout premier. Invasion des voleurs de corps en 1956, qui a clairement inspiré le film de Clapin et qui, à sa sortie, canalisait la peur des Américains pendant le maccarthysme et la guerre froide.

Les ambitions ici sont plus intimes, se concentrant sur l’incapacité d’Elsa à surmonter la disparition de Franck et utilisant le genre pour transmettre cela d’une manière effrayante et surnaturelle. Si le film oscille entre science-fiction et psychologie, il confirme néanmoins les talents visuels de Clapin, soutenus par une musique de rêve de Dan Levy, qui a également composé J’ai perdu mon corps. Dans ses meilleurs moments, Pendant ce temps sur Terre nous emmène au-delà de notre vie quotidienne désolée vers un endroit dont nous pouvons effectivement rêver – et également être témoin à l’écran.

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