Pas depuis Voleurs de vélos a un film qui se concentre si résolument sur le vol d’un vélo Jacquesqui a été présenté en première mondiale au Festival du film d’Oldenburg. Ce qui ne veut pas dire que la nouvelle comédie excentrique de Max Train a beaucoup en commun avec le classique néoréaliste de Vittorio De Sica de 1948, à part le fait qu’elle est également tournée en noir et blanc. Le genre de film pour lequel le terme « excentrique » aurait pu être inventé, il présente bien plus de similitudes avec les premières œuvres de Jim Jarmusch, notamment dans son style pince-sans-rire. Probablement mieux apprécié lors d’une projection de minuit après quelques verres, le film indépendant canadien est un autre exemple de la découverte par le festival d’un joyau à petite échelle.

Le film commence avec le personnage principal, un alcoolique invétéré (Dylan Beatch, qui a coécrit le scénario avec Train), qui est violemment arrêté et raconte son histoire à un détective qui veut savoir pourquoi il a commis autant de crimes contre un seul individu. On revient au début de l’histoire, avec James, un homme malchanceux et nihiliste, qui est largué par sa petite amie à cause de ses problèmes de colère. Vivant dans une seule pièce avec un matelas sur le sol dans un refuge géré par l’église, il ne peut même pas aller manger un repas bon marché dans un restaurant de nouilles sans se faire presque couper un doigt par les cuisiniers japonais qu’il offense.

Jacques

L’essentiel

Un délice original et discret.

Lieu: Festival du film d’Oldenbourg
Casting: Dylan Beatch, Paulina Munoz, James Cowley, Adam Klassen, Yumi Nagashima
Directeur: Train Max
Scénaristes:Max Train, Dylan Beatch

1 heure 39 minutes

La vie de James bascule lorsqu’il découvre une partie du cadre métallique d’un vélo dans une poubelle et, après avoir récupéré d’autres pièces, assemble un vélo qu’il utilise pour obtenir un emploi de coursier. Tout semble aller pour le mieux pour lui pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’il livre un colis à une boucherie. Son propriétaire au nom exotique, Valentin DeWolfe (James Cowley), est un collectionneur obsessionnel qui reconnaît immédiatement le cadre du vélo de James comme un modèle extrêmement rare créé par un designer italien dans les années 1940. Après que son offre de l’acheter à un prix exorbitant ait été repoussée, il engage deux petits escrocs pour le voler. Ainsi commence le voyage de James dans les bas-fonds de Vancouver pour récupérer sa monture et éviter de retomber dans une spirale descendante.

Le film est certes léger, mais l’humour minimaliste ne fait pas toujours mouche. Certaines blagues, comme les dialogues largement inintelligibles des voleurs de vélos irlandais à l’accent prononcé, se prolongent bien au-delà de leur date d’expiration. L’intrigue épisodique, qui comprend les rencontres de James avec une mystérieuse Japonaise (Yumi Nagashima, excellente) qui est également à la poursuite du vélo, est plus sinueuse qu’elle ne le devrait, ce qui donne l’impression que le film est plus long que sa durée relativement brève.

Malgré ses défauts, Jacques — le film, pas nécessairement le personnage — se révèle être un charmeur discret et excentrique, ressemblant parfois à une comédie muette d’époque par son humour visuel et son personnage central qui trébuche dans la vie comme un Buster Keaton des temps modernes. Et même avec son budget évidemment modeste, ce premier long-métrage impressionniste semble extrêmement soigné, avec une bande-son imprégnée de folk et de blues (Danny Eberhardt, Sally Jorgensen et Max Train sont crédités de la musique) contribuant grandement à son ambiance décalée.

Le nerveux Beatch porte le film avec brio, trouvant l’humour noir chez son protagoniste tout en résistant à l’envie de jouer sur la sympathie du public, et Paulina Munoz livre un rôle de soutien remarquable dans le rôle de la sœur du collectionneur qui se sent sensible au sort de James.

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