La chaîne publique allemande RBB a été secouée par un scandale autour de son ancienne directrice, Patricia Schlesinger, accusée de détournement de fonds et d’abus de son poste à la tête du groupe de médias basé à Berlin, financé par les contribuables allemands.

Schlesinger a démissionné de son poste dimanche. Lundi, le procureur de Berlin a confirmé qu’il avait ouvert une enquête sur les accusations selon lesquelles Schlesinger aurait détourné des fonds de RBB pour soutenir son style de vie, notamment en faisant payer par le réseau des dîners somptueux chez elle et en finançant son utilisation privée d’une voiture de société de luxe. Wolf-Dieter Wolf, président du conseil d’administration de RBB, qui a été lié à certaines des accusations portées contre Schlesinger, a également présenté sa démission dimanche. Tous deux nient les accusations portées contre eux.

Schlesinger, qui percevait un salaire annuel de 308 000 $ (307 000 €) chez RBB, est accusée d’avoir utilisé le radiodiffuseur public allemand pour financer un style de vie somptueux pour elle-même et son ex-mari, le Spiegel journaliste Gerhard Spörl. Parmi les allégations, dont beaucoup ont été révélées en détail dans les médias allemands, figurent le fait que Schlesinger organisait régulièrement des dîners exclusifs chez elle pour des invités de marque, obligeant RBB à payer la facture, et qu’elle avait versé 662 000 $ (650 000 € ) rénovation de luxe de son bureau – tout en réduisant les emplois et les coûts de programmation de son réseau.

À la tête du RBB basé à Berlin, poste qu’elle occupe depuis 2016, Schlesinger est une figure de proue de la scène médiatique allemande. RBB est l’un des neuf radiodiffuseurs publics régionaux qui composent ARD, le réseau pubweb allemand qui, avec un budget annuel de 7 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) et plus de 22 000 employés, est le plus grand radiodiffuseur public au monde. RBB est également l’un des principaux sponsors du Festival international du film de Berlin.

Le scandale autour de Schlesinger survient à un moment difficile pour les radiodiffuseurs publics en Allemagne et dans toute l’Europe. Les pubwebs allemands sont sur le point de renégocier leur redevance – la taxe par habitant prélevée sur tous les ménages allemands pour financer les diffuseurs publics ARD et ZDF – avec le gouvernement allemand cet automne. L’affaire RBB a déjà conduit à des appels à réduire les budgets des pubwebs.

De l’autre côté de la frontière française, le Parlement a récemment supprimé ses frais de licence de télévision dans le cadre d’un effort du gouvernement français pour aider ceux qui luttent contre l’inflation et l’augmentation du coût de la vie. Cette décision laisse aux radiodiffuseurs publics français un trou de 3,8 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) dans leurs budgets, un vide que le gouvernement dit combler en transférant d’autres fonds fiscaux « euro pour euro » aux réseaux publics. Cette mesure, cependant, n’est garantie que jusqu’à la fin de 2024, après quoi le gouvernement devra trouver un moyen différent de financer ses pubwebs.

Au Royaume-Uni, le gouvernement conservateur poursuit son projet de privatiser Channel 4, un radiodiffuseur public financé par des fonds commerciaux. Cette décision a été vivement critiquée. Channel 4 est considéré comme un réseau pionnier d’émissions révolutionnaires telles que Russell T. Davies Queer comme Folk et les deux premières saisons de la série d’anthologies de science-fiction de Charlie Brooker Miroir noir.

L’année dernière, le réseau a enregistré des revenus record de 1,45 milliard de dollars (1,2 milliard de livres sterling) avec un excédent de 121 millions de dollars (100 millions de livres sterling).

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