C’est un monde de chiens mangeurs de chiens – littéralement parfois – dans le thriller grungy et réaliste de Casablanca du premier scénariste et réalisateur Kamal Lazraq, Chiens (Les Meutes).

Se déroulant sur 24 heures longues et de plus en plus éprouvantes au cours desquelles un père et son fils tentent de se débarrasser d’un cadavre, le film se situe quelque part entre Voleurs de vélos, La mort de M. Lazarescu et un film policier plus standardisé, explorant la vie marocaine contemporaine à travers un film noir dépouillé porté par une distribution d’acteurs non professionnels. Impressionnant exécuté bien qu’un peu d’une affaire d’une note, le premier long métrage de Lazraq devrait attirer l’attention internationale après sa première à Cannes.

Chiens

L’essentiel

Loin du Casablanca de Bogart.

Lieu: Festival de Cannes (Un Certain Regard)
Jeter: Ayoub Elaid, Abdellatif Masstouri, Mohamed Hmimsa, Abdellah Lebkiri, Lahcen Zaimouzen
Réalisateur, scénariste : Kamal Lazraq

1 heure 34 minutes

Diplômé de la prestigieuse école de cinéma française La Fémis, Lazraq a réalisé un court métrage primé, L’homme au chien (2014), qui a couvert un terrain similaire dans son Casablanca natal. Loin du luxe de ses stations balnéaires, il a dépeint la ville, ou plutôt sa banlieue, comme une métropole granuleuse et impitoyable peuplée de personnages déséquilibrés essayant de se maintenir à flot.

Chiens se déroule dans le même souterrain impitoyable, dont nous avons un avant-goût lors d’un combat de chiens d’ouverture qui laisse un chien mort et son propriétaire, Dib (Abdellah Lebkiri), jurant de se venger. Il décide d’embaucher Hassan (Abdellatif Masstouri), un chômeur désespéré de gagner de l’argent, quitte à kidnapper le voyou (Mohamed Hmimsa) qui a tué le chien préféré de Dib.

Hassan amène son fils Issam (Ayoub Elaid) pour le travail – l’une d’une série de décisions terribles qu’il prend tout au long du film. Les deux réussissent l’enlèvement mais tuent accidentellement leur captif, et maintenant ils doivent se débarrasser du corps avant l’aube.

C’est plus facile à dire qu’à faire dans un endroit où tout le monde essaie de profiter du prochain et où les directives islamiques exigent qu’un corps soit lavé, enveloppé et enterré selon la coutume. De loin le moins pragmatique des deux, mais aussi celui qui a le plus de conscience spirituelle, Hassan essaie de suivre les préceptes musulmans tandis qu’Issam essaie juste de les tirer d’affaire. Leur affrontement est générationnel entre tradition religieuse et ambition juvénile, et il déchire presque père et fils.

Lazraq et le caméraman Amine Berrada (qui a également tourné le film sénégalais de la compétition Banel & Adama) suivent les deux d’un endroit à un autre, qu’il s’agisse d’un dépotoir désolé, d’une ferme où ils sont chassés par les habitants ou d’un bar de plongée où ils enrôlent un pêcheur ivre (Lahcen Zaimouzen) pour aider à jeter le corps à la mer.

Même ce plan se retourne contre lui de manière presque comique – en effet, le film aurait peut-être pu bénéficier d’une tragi-comédie plus sombre – à quel point Issam se sépare de son père et utilise des punaises en laiton pour pouvoir s’occuper de ses affaires. Le troisième acte, qui implique une guerre de gangs et des détails particulièrement horribles sur le rejet d’un cadavre, peut devenir un peu fastidieux, et la relation entre Hassan et Issam, qui se disent très peu, ne se sent jamais assez développée pour mériter toute notre attention. .

Il y a des moments où le film contourne maladroitement la frontière entre les conventions de genre et le réalisme documentaire, mais le portrait qu’il dresse des bas-fonds de Casablanca reste crédible et sombre. Chaque interaction est aussi une transaction, un effort pour se débrouiller dans une ville offrant peu de possibilités à des jeunes hommes comme Issam, ou à des ratés comme Hassan. Le concept de Lazraq est simple mais puissant, et il le mène jusqu’au bout : dans un endroit où la vie est un combat constant pour survivre, même la mort offre peu de salut.

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