Les radiodiffuseurs publics allemands doivent investir davantage pour produire de meilleures émissions, sinon ils risquent de perdre leur légitimité démocratique. C’est le message que l’industrie cinématographique et télévisuelle allemande envoie aux chaînes publiques allemandes qui font face à des attaques croissantes de la part de l’extrême droite montante du pays.
Les guildes et associations représentant les communautés créatives du cinéma et de la télévision en Allemagne, notamment la guilde des scénaristes allemands, l’alliance des producteurs de cinéma et de télévision, l’association fédérale des acteurs, l’association des producteurs et la guilde des réalisateurs allemands, ont demandé que les radiodiffuseurs publics s’engagent à investissent au moins 50 pour cent de leur budget dans la réalisation de spectacles et dépensent moins en gestion et en administration.
Dans une lettre ouverte aux autorités étatiques et gouvernementales, les groupes ont déclaré que leur plan « 50+ pour la programmation » augmenterait l’acceptation du public et la légitimité démocratique du service public de radiodiffusion.
« Chaque euro investi dans la programmation renforce simultanément la stabilité de la démocratie médiatique allemande », peut-on lire dans la lettre.
Le système de radiodiffusion publique allemand, qui exploite les réseaux de télévision nationaux ARD et ZDF ainsi que de nombreuses stations de télévision et de radio régionales à travers le pays, est parmi les mieux financés au monde. La majeure partie du financement provient d’une taxe TV obligatoire d’environ 20 dollars (18,36 euros) par mois et par foyer. Mais le parti d’extrême droite allemand AfD a appelé à la fin de la taxe sur la télévision, accusant l’ARD et la ZDF d’être des machines de propagande de gauche soutenues par l’État.
À mesure que l’AfD se renforce – le parti est sur le point de remporter trois récentes élections régionales en Allemagne de l’Est – beaucoup craignent qu’il y ait des pressions pour supprimer le financement ou démanteler le système de radiodiffusion publique du pays.
Dans leur lettre, les créatifs allemands notent que seulement 44 pour cent des recettes fiscales de la télévision pour la radiodiffusion publique sont actuellement consacrées à la programmation, un niveau qui, selon eux, porte atteinte à la qualité et à la légitimité. Ils demandent qu’une exigence de plus de 50 programmes soit inscrite dans le traité d’État sur les médias qui régit le financement de la radiodiffusion publique afin de garantir que les réformes futures n’entraîneront pas de nouvelles coupes.
« Nous sommes préoccupés par la diversité et la qualité de la programmation – et rien de moins que par la survie de la radiodiffusion publique elle-même », peut-on lire dans la lettre. « La radiodiffusion publique est légitimée uniquement par sa programmation et est acceptée grâce à un contenu de qualité et de qualité. Plus un niveau élevé de programmation est assuré de manière cohérente, plus il devient difficile pour les forces politiques qui cherchent à remettre en question la légitimité de la radiodiffusion publique. 50+ est donc aussi une déclaration politique en faveur d’un service public de radiodiffusion fort, un signal clair de la sphère politique selon lequel les recettes des redevances sont orientées vers une bonne programmation et profitent aux citoyens qui les paient !
Les coupes dans la radiodiffusion publique représentent également une menace existentielle pour de nombreux acteurs de l’industrie allemande. La majeure partie de la programmation diffusée sur ARD et ZDF provient de sociétés de médias indépendantes et de pigistes, dont beaucoup seraient au chômage sans leurs commandes publiques.