Le 25 décembre 1950, Columbia a dévoilé l’adaptation réalisée par George Cukor de Born Yesterday lors de sa première à Los Angeles. Le film a ensuite décroché cinq nominations à la 23e cérémonie des Oscars, dont celle du meilleur film, et a remporté le prix de la meilleure actrice pour le tour de Judy Holliday dans le rôle de Billie Dawn. La critique originale du Hollywood Reporter est ci-dessous :

Né hier apparaît à l’écran comme le divertissement brillant, contagieux et délicieux qu’il était lorsque la pièce a pris d’assaut Broadway pour la première fois il y a plusieurs années. Et pour cet exploit de transformer ce qui est devenu un cheval de bataille et un road show en 104 minutes de divertissement en celluloïd, les imprésarios de Gower Street peuvent commencer à boire du champagne dans la délicate pantoufle de Judy Holliday. Elle est tout simplement merveilleuse et sans sa performance triomphale de Billie Dawn, la choriste aux cheveux miel qui renverse le pouvoir d’un magnat fou d’argent, Né hier serait mort demain.

Dans son adaptation de l’original et dans ses dépendances physiques Né hiertel que conçu dans la production de S. Sylvan Simon, est simplement une pièce de théâtre. À l’exception de quelques scènes de rue de Washington, l’action ne se déroule que dans quelques intérieurs. Il y a peu de variation d’éclairage et parfois certaines lignes sont perdues en raison d’un mauvais mélange des différents registres vocaux de Miss Holliday et Broderick Crawford.

On peut voir que le réalisateur Cukor, dans les circonstances imposées, a choisi d’utiliser Miss Holliday comme moyen d’insuffler du mouvement et de la vitalité dans un sujet de conversation statique. Et le fait que les grandes répliques de la série soient conservées est d’une grande aide.

Même l’ineptie de la mise en scène ne peut cacher le fait que la pièce est une œuvre formidable et drôle. Son esprit est vif ; c’est une satire, pénétrante.

Né hiercependant, c’est tout Judy Holliday. Cukor lui donne toute latitude pour que sa démarche élancée, sa voix grinçante et ses étonnants malapropismes comptent pour tous les rires possibles. Et pourtant, sa sincérité intérieure transparaît lorsqu’elle se réveille et décide de faire un peu de ménage civique de la meilleure façon qu’elle connaît : en devenant la plus jolie fille qui ait jamais prononcé cinq lignes dans une comédie musicale.

Il n’y a absolument aucune modification dans le scénario de Né hierc’est le récit de Harry Brock, qui grimpe au sommet du commerce de pacotille et propose maintenant de former un cartel international avec l’aide de son avocat ivre et d’un membre du Congrès véreux. Son erreur fatale est d’avoir engagé le journaliste William Holden pour donner à sa petite amie la « culture » nécessaire pour la rendre acceptable à Washington. Holden la remplit plutôt de notions d’action démocratique. Elle commence à se rendre compte qu’Harry profite de trop de gens et qu’il est un client idéal pour un clan fédéral. Parce qu’une grande partie de ses biens sont à son nom, elle est capable de détruire son empire par le simple fait de le quitter.

Le Harry Brock de Broderick Crawford est une grosse déception de la part d’un acteur qui a remporté l’Oscar l’année dernière. C’est scandaleusement surjoué et jamais convaincant dans les attitudes d’affection pour le chorine. Certains cris sont nécessaires au jeu de Brock, mais pas dans la mesure employée par Crawford, notamment à l’écran. La sincérité de Holden fait plus ressortir le journaliste que ce qui est réellement écrit dans le scénario. Howard St. John, dans le rôle de l’avocat corrompu, gagne d’emblée la sympathie et ses moments d’ivresse se déroulent avec une admirable retenue. Frank Otto est excellent dans le rôle du compère de Harry. Les places de soutien sont habilement occupées par Larry Oliver, Barbara Brown, Grandon Rhodes et Claire Carleton.

La conception de la production est de Harry Horner et Joseph Walker est crédité de la photographie. Le montage de Charles Nelson réussit à ponctuer les rires aux bons endroits. — Signature du personnel, initialement publié le 17 novembre 1950.

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