A partir du moment où le monteur Laurent Sénéchal a lu le scénario de Anatomie d’une chute, il savait qu’il avait un défi devant lui quand il s’agissait du flash-back crucial montrant une bagarre interminable entre Sandra (Sandra Hüller), une auteure jugée, et son mari, Samuel (Samuel Theis), qui est mort d’une chute. le toit de leur maison alpine.

La scène arrive au milieu du procès de Sandra pour son rôle dans la chute de Samuel. Ce qui commence comme une simple diffusion audio pour la salle d’audience finit par prendre vie pour le public qui regarde le film. «Quand je lisais, je ne savais pas trop quel serait le point de vue», raconte Sénéchal. «C’est comme le point de vue de Dieu. Pour moi, c’était un peu délicat.

Cette séquence est cruciale pour le succès du film de la réalisatrice Justine Triet, nominé aux Oscars pour le montage, ainsi que dans les catégories du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario, Hüller étant en lice pour la meilleure actrice. Elle était si bonne, dit Sénéchal, qu’il utilisait souvent ses premières prises. Mais le travail de Sénéchal ne réside pas seulement dans la captation de la brutalité de l’échange de paroles entre Sandra et Samuel — il lui reproche ses échecs professionnels — mais aussi dans la façon dont le monteur a choisi de faire voyager le public dans le temps.

Sénéchal explique qu’il a poussé Triet à s’en tenir à l’audio pendant un moment avant de passer à Hüller et Theis. Il voulait que le public devienne « paresseux », en supposant qu’il allait seulement entendre le couple et ne pas le voir. Puis, lorsque le flash-back commence : « C’est très étrange d’être là », dit-il. « Mais parce que les acteurs sont si géniaux, on est déjà immédiatement conquis. Pour moi, c’est comme lorsque vous commencez une dispute avec votre partenaire. Je pense que tout le monde se dit : « OK, c’est la réalité ». Il n’y a donc pas de stress concernant la transition à la fin.

En même temps, Sénéchal et Triet ne voulaient pas trop s’attarder sur le passé. Ils ont décidé de réduire leurs dépenses avant que les paroles les plus dures de Sandra ne soient prononcées. « Quand on y retourne, on revient aussi à notre film et au contrat avec le public, c’est-à-dire qu’on ne verra pas de violence », explique Sénéchal. De retour dans la salle d’audience, les cinéastes espéraient que la possibilité du suicide de Samuel et celle de la culpabilité de Sandra subsistaient.

Sénéchal a beaucoup appris de la façon dont les gens ont réagi au combat. « C’est vraiment intéressant », dit-il, « car maintenant je connais mieux beaucoup de mes proches, grâce à cette scène. »

Cette histoire est apparue pour la première fois dans un numéro indépendant de février du magazine The Hollywood Reporter. Pour recevoir le magazine, cliquez ici pour vous abonner.

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