Si vous avez la chance de vous souvenir de souvenirs de votre petite enfance, vous savez qu’ils ont tendance à être fragmentaires, biaisés par une perspective incapable de saisir pleinement le monde des adultes. La cinéaste tchèque Beata Parkanova capture magnifiquement ce sentiment dans son film, présenté en première mondiale au Festival international du film de Karlovy Vary. Entièrement raconté du point de vue d’une fillette de six ans, Petites lumières apparaît comme un petit bijou.

Heureusement, la petite fille, Amalka, est interprétée par l’adorable jeune actrice Mia Banko, qui possède de grands yeux ronds, infiniment expressifs, et de longs cheveux roux dont Heidi serait jalouse. Dans la scène d’ouverture, Amalka entend des voix provenant d’une pièce fermée et, naturellement curieuse, tente d’écouter. Elle entend sa grand-mère dire avec colère à sa mère : « Le bonheur ? Garde-le pour les contes de fées », mais elle n’a aucune idée de ce que cela signifie.

Petites lumières

L’essentiel

Habilement observé.

Lieu: Festival international du film de Karlovy Vary
Casting: Mia Banko, Elizaveta Maximova, Marek Geisberg, Veronika Zilkova, Martin Finger
Réalisateur-scénariste: Beata Barkanova

1 heure 16 minutes

Elle va donc jouer avec son chat très soumis, qui s’appelle apparemment M. Chat. Mais elle met sa patience à l’épreuve en le mettant dans un coffre en bois, d’où son grand-père (Martin Finger) le sauve bientôt. Elle revient dans la pièce et lorsqu’elle ouvre la porte, les adultes se taisent. « Je m’ennuie », dit Amalka d’un ton irascible, et sa grand-mère (Veronika Zilkova) essaie de la rassurer en lui promettant qu’elle l’emmènera au lac cet après-midi-là.

Après avoir cueilli des fleurs qui, comme on le sait, proviennent du jardin d’un voisin, Amalka déjeune de soupe, sans se douter des tensions qui l’entourent. Ses grands-parents tiennent leur promesse en l’emmenant au lac, où son grand-père lui apprend à plonger. Ils partent en randonnée dans les bois et cueillent des myrtilles, mais Amalka pique une crise lorsqu’on lui dit qu’ils doivent partir.

Le film se déroule ainsi : Amalka tente de s’amuser tandis que les adultes semblent engagés dans des confrontations tendues, notamment lorsque sa mère (Elizaveta Maximova) débarque avec un inconnu français et annonce qu’elle part avec lui à Prague. Amalka, bien sûr, ne comprend pas ce qui se passe, sauf quand cela la concerne, comme lorsque son père (Marek Geisberg) lui reproche gentiment d’avoir cueilli des fleurs et lui dit qu’elle devra s’excuser auprès du voisin. À la fin de la journée, elle va se coucher, inconsciente de la rupture dans la relation de ses parents, et son père lui lit avec lassitude une histoire du soir qu’elle a déjà entendue mille fois auparavant mais qu’elle trouve toujours fascinante.

Même avec sa courte durée d’exécution, Petites lumières Le film exige une certaine patience, car il se concentre sur les préoccupations banales de l’enfance. Le cinéaste se livre également à des fioritures stylistiques – principalement des plans insérés rapidement qui semblent avoir été capturés en 8 mm et qui présentent une série de gros plans d’objets et de traits du visage – qui distraient plus qu’ils n’éclairent. Les tentatives forcées de faire preuve d’un côté artistique semblent tout simplement embarrassantes.

Mais pendant la majeure partie du film, Parkanova garde un contrôle strict sur son matériel, nous permettant de nous identifier pleinement à la petite Amalka et à ses préoccupations. Le film présente les choses de son point de vue, même physiquement ; le directeur de la photographie Tomas Juricek place souvent la caméra au plus bas, en adéquation avec sa petite taille. L’histoire se déroule sur une seule journée, et son côté poignant vient du fait que nous, sinon Amalka, sommes pleinement conscients que sa vie va changer, peut-être pour toujours.

Ou peut-être qu’elle s’en rend compte, comme en témoigne le plan final, obsédant et persistant, dans lequel nous voyons la silhouette de son corps alors qu’elle regarde à travers les grandes fenêtres de sa chambre, comme si elle essayait de voir le monde au-delà de sa perspective limitée.

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