Dans Le retourun soldat rentre chez lui après avoir passé de nombreuses années à la guerre, l’air hagard et épuisé. Ses amis ne le reconnaissent pas, il a du mal à se réadapter à la société et même sa femme ne semble pas savoir qui il est. L’histoire semble assez familière, sauf que les noms des personnages principaux sont Ulysse et Pénélope, que le décor est l’île d’Ithaque et que la guerre a eu lieu à Troie. Oui, ce film – qui a reçu sa première mondiale au Festival international du film de Toronto avant une sortie en salle plus tard cette année – est une adaptation d’une section du roman d’Homère L’Odyssée.
Mais ne vous attendez pas à voir apparaître des dieux, des déesses ou des créatures mythologiques créées par des gens comme Ray Harryhausen. Au contraire, le réalisateur et co-scénariste Uberto Pasolini (Nature morte, Nulle part spécial) dépouille le récit jusqu’à l’essentiel, ce qui donne lieu à une expérience austère et solennellement rythmée que les spectateurs trouveront soit énervante, soit passionnante.
Le retour
L’essentiel
Un jeu d’acteur puissant vaut la peine d’être vu après un long voyage.
Lieu: Festival international du film de Toronto (Présentations de gala)
Casting: Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Charlie Plummer, Marwan Kenzari, Claudio Santamaria, Ángela Molina
Directeur: Uberto Pasolini
Scénaristes: Edward Bond, John Collee, Uberto Pasolini
Classé R, 1 heure 56 minutes
L’histoire commence avec Ulysse échoué sur le rivage, les vagues clapotant sur son corps nu (Ralph Fiennes s’est transformé en une musculature nerveuse, et les résultats impressionnants sont pleinement affichés). Il se lie d’amitié avec un porcher, Eumée (Claudio Santamaria), qui ne le reconnaît apparemment pas. Il dit à Ulysse que la reine Pénélope (Juliette Binoche) est toujours en vie, tout comme son fils Télémaque (Charlie Plummer, Appuie-toi sur Pete), qui s’est consacré à protéger sa mère des nombreux hommes qui désirent ardemment devenir son nouveau mari. Elle les repousse en tissant un linceul pendant la journée et en annonçant qu’elle prendra un nouveau mari une fois celui-ci terminé, mais elle annule secrètement son travail chaque nuit.
« Aucun homme à ses côtés ? » demande Ulysse, la voix tremblante, révélant son insécurité à son retour chez lui après 20 ans d’absence. Il est ensuite traité avec dérision par les hommes du village, qui répondent à sa plainte plaintive, « Quelque chose pour un vieux soldat ? » par des railleries et des insultes. Mais lorsqu’il est poussé dans une bagarre, Ulysse révèle ses talents de combattant, réussissant à tuer son adversaire beaucoup plus grand et plus jeune.
Le fidèle chien de chasse d’Ulysse, âgé et infirme, le reconnaît clairement et meurt paisiblement quelques instants plus tard. Mais quand Ulysse rencontre enfin Pénélope, elle ne parvient pas à comprendre qui il est et le bombarde de questions dans l’espoir d’en savoir plus sur le sort de son mari. La scène, jouée en grande partie dans l’obscurité, est magnifiquement interprétée par Fiennes et Binoche, leurs visages expressifs en disant plus long que leurs personnages pour la plupart silencieux.
Le film est un long et lent processus de réflexion alors qu’Ulysse commence à réapparaître littéralement et métaphoriquement de l’ombre, aux prises avec des personnages tels que le prétendant sans scrupules de Pénélope, Antinous (Marwan Kenzari, Aladin) et son ancienne gouvernante dévouée Eurycleia (une très émouvante Ángela Molina, Chair vivante), qui l’identifie immédiatement grâce à ses cicatrices. Finalement, les choses se compliquent avec un concours de tir à l’arc dont le gagnant deviendra le mari de Pénélope et le nouveau roi, auquel Ulysse participe et qui se transforme immédiatement en bain de sang.
Rappelant un autre Pasolini, Pier Paolo, dans sa version minimaliste d’une histoire classique, le film s’appuie principalement sur la puissance élémentaire de Fiennes et Binoche, tous deux particulièrement obsédants dans le rôle des amants séparés depuis longtemps et sombré dans le désespoir émotionnel. L’intrigue impliquant le Télémaque de Plummer s’avère moins convaincante, le jeune acteur ayant du mal à se faire à son rôle et semblant beaucoup trop contemporain. Le réalisateur Pasolini, travaillant à partir d’un scénario coécrit avec John Collee (Maître et Commandant : De l’autre côté du monde) et feu Edward Bond (Explosion), utilise un style visuel dépouillé, avec des costumes et des décors simples qui ne fournissent que peu de distraction. L’approche fonctionne jusqu’à un certain point, mais avec sa durée de près de deux heures Le retour finit par mettre la patience à rude épreuve par son austérité.
Crédits complets
Lieu : Festival international du film de Toronto (présentations de gala)
Production : Red Wave, HanWay Films
Distributeur : Bleecker Street Media
Avec : Ralph Fiennes, Juliette Binoche, Charlie Plummer, Marwan Kenzari, Claudio Santamaria, Angela Molina
Réalisateur: Uberto Pasolini
Scénaristes : Edward Bond, John Collee, Uberto Pasolini
Producteurs : Vivien Aslanian, James Clayton, Kostantinos Kontovrakis, Romain Le Grand, Stéphane Moatti, Marco Pacchionni, Uberto Pasolini, Roberto Sessa
Producteurs exécutifs : Ralph Fiennes, Giorgos Karnavas, Torsten Poeck, Andrew Karpen, Kent Sanderson, Nicolas Sandler, Keith Kehoe
Directeur de la photographie : Marius Panduru
Décorateur : Guiliano Pannuti
Rédacteur en chef : David Charap
Compositeur : Rachel Portman
Avec : Susie Figgis, Kristy Kinnear
Classé R, 1 heure 56 minutes