Une tension palpable imprègne le premier long métrage troublant de Nnamdi Asomugha Le couteau. Cela ressort clairement de la séquence d’ouverture, dans laquelle Chris (Asomugha), un jeune père noir, revient dans sa famille après une longue journée de travail. Alors qu’il se faufile dans la chambre de ses filles pour leur dire bonsoir, la tension persiste. Il est toujours là lorsqu’il se blottit à côté de sa femme, Alex (Comment échapper au meurtre et Leçons de chimie star Aja Naomi King), au lit.
Les premières perturbations – un bouton qui tourne, le grincement d’une porte – atténuent un peu la tension. Chris, un insomniaque intermittent, se réveille de son sommeil, attrape un couteau de poche et descend pour enquêter sur le bruit. Dans la cuisine, il rencontre une vieille femme blanche qui fouille dans les tiroirs. Ce qui se passe ensuite est flou. Asomugha, en collaboration avec la rédactrice en chef Dana Congdon, passe brusquement de ce moment au suivant : le corps de la femme sur le sol, Chris respirant rapidement, sa femme semblant abasourdie, ses filles effrayées. En tant que famille noire en Amérique, elle dispose de peu de moyens de recours.
Le couteau
L’essentiel
Troublant et viscéral.
Lieu: Tribeca Film Festival (compétition narrative américaine)
Casting: Nnamdi Asomugha, Melissa Leo, Aja Naomi King, Manny Jacinto, Amari Price, Aiden Price
Directeur: Nnamdi Asomugha
Scénaristes : Nnamdi Asomugha, Mark Duplass
1 heure 19 minutes
En première au Tribeca Film Festival, Le couteau explore à quoi ressemblent le choix et la sécurité pour les Noirs en Amérique. Asomugha, qui a co-écrit le scénario avec son producteur exécutif Mark Duplass, aborde ces thèmes familiers avec une franchise viscérale. Il inclut des scènes, en particulier vers la fin, qui soulignent avec un ton effrayant à quel point une vie peut se dérouler rapidement. Même si Asomugha capitule parfois devant des choix narratifs ou des tropes visuels clichés, Le couteau maintient un niveau d’anxiété incroyablement nauséabond.
Lorsque Chris appelle une ambulance, les autorités du comté de Towson, vraisemblablement dans le Maryland, envoient à la place une cavalcade de policiers. Leurs voitures de patrouille et leurs fourgons encerclent la modeste maison de banlieue. Les agents emmènent la vieille femme à l’hôpital, bouclent les lieux avec du ruban jaune et fouillent la maison à la recherche de preuves. Un officier, joué par Manny Jacinto, regarde Chris avec méfiance tandis que le détective Carlsen (Melissa Leo), une femme plus âgée au regard méfiant et reposant, commence à recueillir le témoignage d’autres membres de la famille.
Le couteau est à son maximum lors de ces scènes interrogatives, lorsque la présence policière déstabilise le domicile de Chris. Cela devient un site instable et dangereux, rempli d’objets accusateurs. Les analgésiques que Chris prend pour son dos deviennent la preuve d’une activité néfaste. La cuisine, où s’est déroulée l’action incitative, se transforme en un sinistre rappel d’une existence irrévocablement changée.
La conversation du détective avec Chris, Alex et leurs deux enfants Ryley (Aiden Price) et Kendra (Amari Price) révèle comment l’État carcéral américain agit contre les Noirs. La notion d’innocence jusqu’à preuve du contraire est bouleversée par la croyance violente du système dans la criminalité noire. Asomugha enveloppe le public dans cette réalité claustrophobe à travers des gros plans. La perspective intime évoque le sentiment d’être dans la pièce alors que Carlsen utilise les témoignages de la famille pour construire un récit choquant. Ses commentaires sur la tentative de découvrir la vérité deviennent de plus en plus sinistres à chaque invocation. La question est alors : de qui est la vérité ?
Asomugha ouvre Le couteau avec une voix off de Chris sur les conseils que sa grand-mère lui a donnés. Cela ressemble à ceci : la vie présente des choix et chaque choix a une conséquence. Ce cadrage définit Le couteau jusqu’à être une histoire plus simple qu’elle ne l’est. Qu’est-ce qu’un « choix » dans un système truqué ? Alors que Chris et Alex tentent de se sauver eux-mêmes et leur famille, Asomugha se dirige vers des questions captivantes et compliquées.
Mais il rencontre quelques ralentisseurs. Des choix visuels évidents (éclairs répétés sur un couteau, l’arme en question) et des fils narratifs abandonnés (les implications de l’inconduite policière restent sous-explorées) deviennent des distractions. Ce dernier signale particulièrement qu’Asomugha essaie d’aborder plus que ce que ce film rapide de 79 minutes peut raisonnablement couvrir. Bien que le réalisateur fasse quelques remarques intéressantes sur la rapidité avec laquelle un récit sur une vie peut se former, le manque de résolution pourrait frustrer certains téléspectateurs. Le flou ultime de l’histoire finit par déstabiliser certaines des idées télégraphiées par Asomugha dès le début.
Pourtant, le casting est à la hauteur. Aiden Price et Amari Price dépeignent solidement des frères et sœurs sous la contrainte, clouant des scènes particulièrement poignantes qui montrent les pressions spécifiques auxquelles les enfants noirs sont confrontés dans ce système. Asomugha et King incarnent Chris et Alex comme un couple familier et mobile vers leur version du rêve américain. Au début du film, ils se délectent de l’idée d’élever leurs enfants dans une vraie maison. La possibilité de perdre cet avenir est ce qui fait que Le couteau une histoire non seulement d’horreur, mais de chagrin.