Vous ne regarderez plus jamais le métier de berger de la même manière après avoir regardé Faites-les tomberle drame noir du scénariste et réalisateur débutant Christopher Andrews sur deux fermiers irlandais engagés dans une longue et sanglante guerre de territoire. Implacablement sombre, avec plus de sang sur le bétail que n’importe quel autre film de mémoire récente – le film qui s’en rapproche le plus est le thriller bovin de 2005 du réalisateur irlandais Billy O’Brien, Isolement — ce premier long métrage violent est davantage porté par les personnages principaux Christopher Abbott et Barry Keoghan que par sa narration austère.
Les deux acteurs convaincants jouent des bergers qui luttent pour survivre dans les collines boueuses de l’ouest de l’Irlande, où une querelle de longue date entre leurs familles dégénère en une véritable bagarre de chiens (ou est-ce une bataille de moutons ?). La bataille commence plus ou moins dès le début du film, et un problème avec Faites-les tomber c’est ainsi que nous sommes plongés directement dans un conflit dont nous connaissons mal les acteurs principaux. Le film ne se contente pas de démarrer sur les chapeaux de roues, il se fraie un chemin, se fracasse, se traîne et se poignarde d’une scène à l’autre.
Faites-les tomber
L’essentiel
Deux acteurs formidables, mais un rôle éprouvant.
Lieu: Festival international du film de Toronto (présentations spéciales)
Casting: Christopher Abbott, Barry Keoghan, Colm Meaney, Nora-Jane Noone, Paul Ready
Réalisateur scénariste : Christophe Andrews
1 heure 45 minutes.
Un bref prologue révèle un traumatisme majeur survenu des années plus tôt aux mains de Michael (Abbott), qui a un accident de voiture avec sa sœur et sa mère après que cette dernière ait prétendu vouloir divorcer du père de Michael, Ray (Colm Meaney). Lorsque nous rencontrons Ray quelques scènes plus tard, nous comprenons pourquoi : dominateur et tout à fait désagréable, il passe ses journées coincé sur une chaise dans la cuisine à cause de ses mauvais genoux, réprimandant le pauvre Michael chaque fois que ce dernier passe la porte.
Ce n’est pas un foyer agréable, pas plus que celui juste à côté, où la sœur de Michael, Caroline (Nora-Jane Noone), est désormais mariée à un berger amer et ivre nommé Gary (Paul Ready). Leur fils, Jack (Keoghan), est plus jeune que Michael, et bien qu’ils soient apparentés, ils ne sont guère amis. Lorsqu’une dispute éclate à propos d’une paire de moutons que Michael prétend avoir été volés à son troupeau, la situation dégénère rapidement en un conflit qui dégénère complètement. Couteaux de poche, armes à feu, mutilations multiples, une décapitation et un autre accident de voiture sont tous ajoutés à la liste, sans aucune issue possible en vue.
Faites-les tomber Le film est si sombre qu’il peut être pénible de le regarder. Mais il y a suffisamment de tension et d’adrénaline sous-jacente pour vous tenir en haleine pendant au moins une heure. Andrews fait un excellent travail en dirigeant ses deux stars, qui apportent toutes deux une certaine humanité à des personnages pris dans un cycle de violence et de vengeance. Abbott s’immerge dans un rôle qui l’oblige à parler couramment le gaélique (parfaitement crédible pour ces oreilles non entraînées) sans parler de se couvrir de couches de saleté et de sang. Keoghan, qui est toujours un interprète fascinant à regarder, transforme Jack en un jeune homme fragile dont la conscience morale a été usée par tant d’années de pauvreté, d’isolement et de masculinité toxique.
Ce dernier semble être la force majeure qui règne dans un coin reculé de l’Irlande où, dans l’une des séquences les plus sanglantes du film, des dizaines et des dizaines de moutons sont illégalement abattus pour que leurs pattes arrière puissent être vendues pour de la viande bon marché. Il y a quelque chose de carrément biblique dans la façon dont Andrews et le directeur de la photographie Nick Cooke (Les sons du ciel) capturent le massacre et d’autres scènes difficiles, les mettant en scène sur fond de collines ondulantes qui s’étendent à l’infini, avec le soleil plongeant dans et hors des nuages.
Mais le réalisateur finit par pousser son sombre postulat trop loin, perdant toute crédibilité alors que ses personnages continuent à faire des choses extrêmement stupides et destructrices. Au-delà de Caroline, qui prévoit de quitter la ville pour Cork et peut-être d’emmener Jack avec elle, les autres sont condamnés à une existence misérable qui n’a apparemment pas changé depuis des siècles. (Selon Ray, les moutons de sa famille paissent dans les collines depuis 500 ans.) Ces gens sont littéralement et figurativement coincés dans la boue, et la triste conclusion de Faites-les tomber il semble que la seule façon de s’en sortir soit de se faire tuer, soit de réussir à survivre d’une manière ou d’une autre.
Crédits complets
Lieu : Festival international du film de Toronto (présentations spéciales)
Sociétés de production : Tailored Films, Wild Swim Films, Frakas Productions
Avec : Christopher Abbott, Barry Keoghan, Colm Meaney, Nora-Jane Noone, Paul Ready
Réalisateur scénariste : Christopher Andrews
Producteurs : Ivana MacKinnon, Jacob Swam Hyam, Ruth Treacy, Julianne Forde, Jean-Yves Roubin, Cassandre Warnauts
Producteurs exécutifs : Efe Çakarel, Jason Ropell, Bobby Allen, Christopher Abbott, Bary Keoghan, Niamh Fagan, Céline Haddad
Directeur de la photographie : Nick Cooke
Décorateur : Fletcher Jarvis
Créatrice de costumes : Hannah Bury
Rédacteur en chef : George Cragg
Compositeur: Hannah Peel
Directrice de casting : Julie Harkin
Ventes : Charades
En anglais, gaélique
1 heure 45 minutes.